Mas Igneus Barranc dels Clossos Priorat 2014

À un peu moins de deux heures de Barcelone se trouve la région du Priorat, qui s’est rapidement forgé une réputation enviable sur la scène internationale pour la qualité de ses vins rouges à base de Carignan et Grenache. Or, les vins blancs provenant de la région sont pratiquement inexistants, formant que 6% de la superficie plantée.

On retrouve présentement sur les tablettes de la SAQ le Barranc dels Clossos 2014, de Mas Igneus. Il s’agit d’un vin élaboré à base de Grenache Blanc à 80% et, selon si on fait confiance à la contre-étiquette ou au site web du producteur, de Pedro Ximinez ou de Maccabeu pour les 20% restants… (J’ai écrit au domaine pour avoir la vérité…!)

Le vin est fermenté an cuves inox, avec 4 mois d’élevages sur lies. Un faible pourcentage (10%) fait un court passage d’un mois dans des vieilles barriques d’acacia.

Dans tous les cas, on est en présence d’un vin qui respire le soleil qui baigne les côteaux catalans. C’est un vin généreux et ample, qui a fait un malheur avec un poulet laqué au miso et au miel. À la fois fruité et floral, le Grenache Blanc amène aussi une légère amertume en fin de bouche qui invite à prendre autre autre gorgée. Un vin bien réussi qui se fera certainement une place de choix dans ma liste d’achats.

J’ai bien hâte de découvrir la région du Priorat à la fin-mai, puisque je serai sur place pendant quelques jours dans le cadre d’Espai Priorat 2017. J’ai hâte!!

Somewhereness: l’esprit des lieux

La langue anglaise a cette capacité de se prêter sans effort aux néologismes. Parmi ceux-ci, le joli Somewhereness, tiré de Making Sense of Wine, de Matt Kramer. Somewhereness, c’est ce qui nous permet d’identifier qu’un tel vin vient d’un tel endroit, qu’il a été fait dans des conditions particulières. C’est ce qui me rend heureux dans une bouteille de vin.

On ne peut pas faire semblant, avec l’esprit des lieux (somewhereness). On ne peut pas le fabriquer. En fait, on ne parvient même pas à en comprendre la source. Mais quand on goûte un vin qui l’exprime, on le sait tout de suite.  – Matt Kramer, Making Sense of Wine.

C’est autour de ce terme porteur qu’une douzaine de vignerons de la péninsule du Niagara se sont regroupés afin de faire connaître leur région. Montrer ce qui rend cette région coincée entre le lac Ontario et le Niagara Escarpment unique. Montrer vers où une région somme toutes assez nouvelle sur l’échiquier mondial peut faire de mieux lorsque les meilleurs producteurs tirent dans la même direction, sans pour autant renier l’individualité de chaque domaine et l’unicité de chaque vignoble.

Ce groupe était à Québec en ce joli lundi de février, pour faire goûter l’esprit du Niagara aux sommelier et aux médias de Québec, avec, en prime, une dégustation à l’aveugle menée par la toujours aussi inspirante Véronique Rivest.

Au menu, une vague de riesling inspirants qui ont su combiner avec brio dans le même verre sucre et acidité, dans un impressionnant exercice d’équilibriste. Un joli tir groupé dans lequel le Cave Spring Riesling CSV 2010 s’est démarqué par sa complexité et sa grande buvabilité. Il s’agit du genre de vin qu’il est très difficile de recracher lors d’une dégustation… Même si les taux de sucre atteignaient jusqu’à 15 g/L (pour le Charles Baker Picone Vineyard 2013), on ne les goûtaient presque pas puisque le vin possède cette acidité qui garde la bouche bien vive.

Du côté des chardonnays, c’est la fraîcheur du climat que les vignerons mettent de l’avant dans le verre, dans un formidable tir groupé. Dans les trois verres, toujours un équilibre entre l’ampleur d’un chardonnay bien mûr, d’un élevage discret et bien maîtrisé et de la fraîcheur du climat ontarien. J’ai eu une faible préférence pour le County Chardonnay 2013 de Norman Hardie, qui avait un petit extra de vitalité, quoique le Saunders Vineyard 2013 de Bachelder et le Tête de Cuvée 2011 de Hidden Bench n’étaient pas loin derrière. En pirate dans cette vague, le Meursault Vieilles Vignes 2014 de Buisson-Charles, complétait la vague avec brio.

Du côté des pinots, le Pinot Noir Essence 2011 de 13th Street a su regarder le Savigny-lès-Beaune 1er Cru la Dominode 2013 de Pavelot droit dans les yeux, même s’il lui concède près de 15$ au niveau du prix. Présentés dans le salon qui a suivi la classe de maître, le Wismer-Parke 2014 et le Lowrey 2014 de Bachelder (deux vins vinifiés de manière rigoureusement identique) sont du genre à faire plier les genoux et valent amplement les 45$ demandés, lorsqu’ils arriveront en SAQ au courant du printemps. Surveillez les tablettes et demandez à votre conseiller d’en faire venir près de chez vous!

Service de Chardonnay - Somewhereness
Service de Chardonnay – Somewhereness

Les assemblages bordelais ont été ceux qui m’ont le plus laissé sur ma soif, car peu ont pu approcher l’élégance et le classicisme de la Réserve de Léoville Barton 2012, même si je serais curieux de revisiter le Stratus Red 2012 dans de nombreuses années, qui s’est présenté tout d’un bloc aujourd’hui (et qui ne me donnait pas beaucoup de plaisir, pour être bien franc, malgré de belles promesses).

La dégustation montre qu’ils se comparent sans complexe avec ce qui se fait de mieux sur la planète, au niveau du riesling et du chardonnay à tout le moins. J’en ressors en me demandant pourquoi je n’ai pas plus de vins ontariens en cave, un sentiment que j’éprouve rarement avec autant d’intensité en sortant d’une activité vinicole.

Trois vins pour bien boire à bon prix

Un classique du mois de janvier est de diminuer le prix général des vins qu’on ouvre et qu’on achète. Après tous les excès des Fêtes, janvier est généralement un mois qui mise sur la retenue. Voici quelques découvertes récentes qui aideront à la fois votre porte-feuille et votre palais à se remettre d’un gros mois de décembre.

Faire sa place au soleil

Les vins grecs sont en pleine essor depuis quelques années, notamment grâce au travail de l’agence Oenopole (et de Théo Diamantis!) qui ont fait la belle part aux vins du pays de Platon dans leur portfolio. Une fois qu’on passe par-dessus les noms de domaines difficilement prononçables et les cépages qui leurs sont propres, on découvre des vins qui allient magnifiquement le soleil et la mer, qui baignent tous deux le pays.

Un classique sur lequel je suis revenu après avoir manqué quelques millésimes est le Savatiano Vieilles Vignes de Papagiannakos, dont les vignes sont situées à un jet de pierre de l’aéroport d’Athènes, où on cultive la vigne depuis des millénaires. Ce n’est pas un vin qui se démarque d’une manière précise, mais l’ensemble est tellement harmonieux qu’il prend sa place tout naturellement à table avec tout ce qui sort de la mer, agrémenté d’un simple trait de jus de citron et d’huile d’olive. On laisse la place à la mer dans l’assiette et dans le verre pour un accord qui marche drôlement bien. Pour 16$ et des poussières? C’est un No Brainer comme dirait l’autre.

Pôpa Friends

J’ai été enchanté de voir apparaitre dans un récent arrivage Cellier le Contos da Terra, produit apr les amis de Quinta da Pôpa, dans la vallée du Douro. Le vin d’entrée de gamme du domaine, produit avec les jeunes vignes, me ramène sur les terrasses qui surplombent Pinh?o, au coeur du pays du Porto. Il fait soleil dans ce verre qui déborde de fruits, mais on évite de tomber dans le piège de la surextraction et de l’alcool trop présent (il titre que 13.5%). Autour de 16$ on ne demandera pas la lune en terme de complexité (on se tourne vers leur Vieilles Vignes 2008 pour ça), mais on a vu le fond de la bouteille beaucoup plus vite qu’initialement anticipé!

Une aubaine en Bourgogne, vraiment?

Les amateur de Bourgogne qui cherchent les aubaines sont plutôt déprimés par les temps qui courent. Quelques maigres récoltes dues aux conditions climatiques défavorables et la demande qui explose pousse les prix à la hausse let les acheteurs comme moi hors de la Côte d’Or. Il est toutefois possible de trouver de la belle Bourgogne à prix décent, si on choisit de s’éloigner un petit peu.

Le Bourgogne Rouge L’Oeuvre de Perraud Les Forêts saura étancher la soif dudit amateur de Bourgogne qui ne veut pas avoir à sauter un paiement d’hypothèque pour se payer du vin. C’est un Pinot de soif, frais et gouleyant sur les petits fruits rouges et tout en légèreté et en finesse. Un fruité pur pur pur et beaucoup de bonheur dans la bouteille, qui saura vous accrocher un sourire aux lèvres. Il l’a certainement fait pour moi!

Calendrier de l’avent – Remoissenet Givry 2014

Un retour sur mon année de dégustation sous forme de calendrier de l’avent vinicole.

C’est le début des vacances, même si on n’est que mardi soir, on se gâte un peu. Direction la Bourgogne avec une bouteille de Givry 2014 de la maison Remoissenet Père et Fils, en plein coeur de la côte chalonnaise. On dit que les vins de Givry étaient les préférés d’Henri IV, c’est même marqué sur la bouteille… Il semblait toutefois apprécier pas mal de vins différents, outre ceux du vignoble de Givry…!

Le domaine a été fondé en 1877, il a été racheté en 2005 par un consortium américain, canadien et français, avec à sa tête, Bernard Répolt, ancien patron chez Louis Jadot, lors de la retraite de Roland Remoissenet. Le domaine possède près de 13 hectares de vignes en plus de maintenir une activité de négoce pour une production annuelle d’environ 200 000 bouteilles.

Remoissenet Père et Fils Givry 2014
Remoissenet Père et Fils Givry 2014

Celui-ci plaira aux amateurs de Bourgogne classique, avec son nez de cerises un peu sûrettes et de petites fraises des champs. En bouche, c’est l’acidité qui domine et qui nous replonge vers le verre. Est-ce le plus complexe? Certainement pas, mais avec la surenchère de la région, il est de plus en plus rare de trouver des bons vins bourguignons relativement abordables. Il faut certainement s’exiler de la Côte d’Or et l’inflation gagne même les appellations moins réputées. Autre signe qui ne trompe pas, la bouteille était vide avant même qu’on s’en rende compte.

Ceci étant dit, il va probablement revenir en cave, avec ses copains de Givry, lorsque j’aurai besoin d’étancher ma soif de Bourgogne.

Calendrier de l’avent – Clos du Jaugueyron 2001

Un retour sur mon année de dégustation sous forme de calendrier de l’avent vinicole.

Parfois, il y a un peu de chance aussi. Lors de la vente Prestige et Patrimoine de l’année dernière, j’ai pu mettre la main sur une des seules bouteilles provenant de la cave de Champlain Charest que mon conseiller financier me permettait de convoiter: Clos du Jaugueyron 2001. Il s’agit d’un petit domaine de 7 hectares, cultivé en biodynamie classifié en Haut-Médoc, tout juste au sud de Margaux, qui produit environ 2000 caisses par année.

Ceux qui me suivent et qui me connaissent savent que je ne suis pas le plus grand fan de Bordeaux. Je n’ai jamais réussi vraiment à me l’expliquer, mais ce que j’ai goûté provenant de la région bordelaise ne viennent pas me chercher. Par contre, il y a toujours l’exception qui vient confirmer la règle: ce vin en est une.

Clos du Jaugueyron (Photo:SAQ.com)
Clos du Jaugueyron (Photo:SAQ.com)

Même avec une quinzaine d’années dans le corps, le Clos du Jaugueyron 2001 ne montre aucun signe de fatigue. Il commence à s’être assagi, les tanins commencent à entrer dans le rang, sans perdre de leur structure. Un vin classique de par son élégance, sa finesse et sa droiture. Un vin qui me pose ouvertement la question: Pourquoi tu dis ne pas aimer les vins de Bordeaux, déjà?  Ma deuxième bouteille patientera en cave encore quelque temps, sa jumelle m’a montré qu’il n’y avait aucune presse.

La bouteille vide trône fièrement en cave, en hommage à M. Charest qui à lui seul, représente un pan important de la culture du vin au Québec. Je suis content d’avoir pu mettre la main sur quelques bouteilles provenant de sa cave, à défaut d’avoir eu la chance de le rencontrer dans son restaurant des Hautes-Laurentides.