Du vin en Chine…

Lors de mes deux semaines en Chine, on m’a souvent posé la question suivante: “Et puis, le vin en Chine…?” Dans la majorité des cas, c’était aussi accompagné d’un petit sourire qui en disait long sur la perception des gens sur le vin chinois.

C’est en visitant le pays qu’on prend la mesure de la relation des Chinois avec le vin. Bien qu’on retrouve des vignes en Chine depuis le deuxième siècle avant notre ère, elles furent principalement utilisées comme raisin de table ou pour faire des raisins secs. Encore aujourd’hui, seulement 13% du vignoble chinois, pourtant le quatrième vignoble mondial, est vinifié.

Photo prise lors du Salon international du vin à Hong Kong, le 15 août 2008. (Photo: AFP)
Photo prise lors du Salon international du vin à Hong Kong, le 15 août 2008. (Photo: AFP)

En voulant simplifier un peu, on peut dire que le vin consommé en Chine est rouge et bordelais.

Rouge, parce que le palais asiatique est différent du palais occidental et est plus sensible à l’acidité vive du vin blanc. Ainsi, plusieurs le coupent avec du soda ou du jus de fruit pour en atténuer le goût… De plus, au restaurant, un verre de vin blanc ressemble à s’y méprendre à un verre d’eau, ce qui n’est pas idéal pour quelqu’un qui veut montrer qu’il boit du vin.

Rouge, aussi parce qu’il s’agit d’une couleur qui symbolise le bonheur, la chance et la prospérité en Chine. Or, le symbolisme fait partie intégrante de la culture chinoise et est un facteur important dans le choix du breuvage qui va accompagner le souper.

Bordelais, parce que les Chinois boivent surtout pour le prestige. Le vin est considéré comme un produit de luxe en Chine et plusieurs s’en servent pour afficher leur richesse. Or, le marketing bordelais est très efficace et ils ont su tabler sur la notion de prestige autour de leurs plus grands domaines.

Maintenant, des groupes industriels chinois achètent des domaines dans la région bordelaise, même les très modestes et la Chine forme maintenant le plus grand marché d’exportation des vins bordelais en dehors de l’Union Européenne. La stratégie dans ces investissements est principalement de capitaliser sur l’image de marque de Bordeaux pour vendre le vin à bon prix en Chine.

Avec une croissance de 30% par année lors des trois dernières années et une consommation qui est encore sous la barre d’une bouteille par année par habitant, la Chine est un marché alléchant pour tous les pays producteurs. C’est présentement la France qui détient le haut du pavé des exportations vers la Chine et les autres pays producteurs devront rivaliser de prestige afin de séduire les consommateurs chinois qui veulent goûter au prestige du vin.

Toutefois, en faisant de la recherche pour cet article, j’ai découvert le fait que 90% du vin consommé en Chine était du vin chinois.[1. Les chiffres ne précisaient pas toutefois si cette proportion était calculée selon la valeur ou le volume du vin vendu. J’ai lu qu’en terme de valeur, c’était plutôt 60% du vin consommé en Chine qui était produit localement, mais ces chiffres restent à vérifier.] Ce n’est toutefois pas ce que j’ai constaté à Shanghai, ce qui souligne la différence que je présume importante entre la métropole et le reste du pays.

J’ai toutefois dû faire des pieds et des mains pour trouver du vin chinois à Shanghai, outre le Great Wall que l’on retrouve un peu partout dans les dépanneurs et les petites épiceries. Finalement, je suis passé par hasard à côté de la boutique de Grace Vineyard, un vignoble fondé en 1997 dans la province de Shanxi. J’ai bien hâte d’y goûter, le vignoble ayant reçu des bons mots de Jancis Robinson.

Vous voulez goûter aux vins chinois disponibles à la SAQ? Le Chardonnay Dragon’s Hollow sentait le riz (!) et goûtait la barrique alors que le Cabernet-Sauvignon Dynasty goûté récemment au Salon des vins de Québec est correctement décrit comme… aqueux. Bref, si vous voulez prendre la mesure du vin chinois, ouvrez-vous un Bordeaux, ou attendez un peu!

Laos: le pays sans McDonald’s

L’itinéraire disait : “Slow boat up the Mekong”, depuis Luang Prabang jusqu’à la frontière avec la Thaïlande. Ce dernier droit au Laos nous permet de voir le lien entre un peuple et son fleuve et de revenir sur cette semaine passée rapidement au pays des millions d’éléphants.

On ne doit pas oublier que les frontières de ce pays communistes sont demeurées fermées à l’extérieur depuis la chute de la monarchie en 1975 jusqu’en 1990. Toujours gouverné par le parti communiste, le Laos doit négocier cette transition vers l’ouverture avec délicatesse, car plusieurs défis guettent le pays.

Les principales sources de revenu au Laos sont l’agriculture et l’exploitation des ressources naturelles du pays, à savoir les forêts et les cours d’eau (en construisant des centrales hydroélectriques). Le rythme de cette exploitation s’est accélérée au cours des dernières années au point où maintenant les forêts vierges couvrent environ 10% du pays, par opposition à environ 75% initialement. Le tout est fait de manière plutôt sauvage, comme on a pu le constater entre Vang Vieng et Luang Prabang. Plusieurs collines ont été coupées à blanc et la repousse ne semble pas proche… La grande majorité de ce bois est exportée au Vietnam et en Chine, deux pays dont les demandes sont sans cesse grandissantes. La déforestation pèse lourd sur l’écosystème et si quelque chose n’est pas fait rapdement, il sera définitivement trop tard…

Déforestation au Laos
Déforestation au Laos

Le tourisme est aussi en pleine expansion au Laos et apporte, comme toujours, avantages et inconvénients… Le pays a beaucoup à offrir: Luang Prabang est un véritable joyau, Vientiane offre une douceur de vie qui lui est propre, certains paysages de montagne et sur le bord du Mékong sont superbes. Chaque touriste amène son lot de revenus et permet de développer des emplois pour la population locale, ce qui peut être bénéfique. Toutefois, les infrastructures nécessaires à la gestion de cet afflux de visiteurs sont en grande partie manquantes.

On le voit surtout par la gestion des déchets qui est particulièrement déficiente; plusieurs détritus sont laissés à eux-même sur le bord des routes. Par exemple, l’eau consommée par les touristes est embouteillée et produit autant de bouteilles de plastique vides, sans aucune possibilité de recyclage et peu de réutilisation possible. Certains établissements offrent le remplssage de bouteilles avec de l’eau traitée, mais il s’agit vraiment d’une minorité qui semble être consciente du gros problème qui guette le Laos, si le tourisme continue à croître…

Il faut aussi s’assurer que les populations locales reçoivent leur part du bénéfice engendré par le tourisme. Pour cet aspect, je pense que le Laos est sur la bonne voie. Les grandes chaînes multinationales de restauration rapide et d’hôtellerie sont absentes du pays, ce qui laisse plus de place aux initiatives locales. Que ce soit par la taille modeste du Laos en termes touristiques ou un effet du gouvernement communiste qui bloque en partie les investissements étrangers, je ne saurais dire mais les Laotiens peuvent prendre avantage de cette situation avant qu’elle ne bascule. Plusieurs organismes sont aussi fiers de leurs liens avec leur milieu, ce qui augmente la conscientisation du touriste de passage.

Le Laos marche sur la fine ligne entre le développement sain et l’exploitation et c’est à nous de faire notre part pour encourager le pays vers la bonne voie. Sur place, en s’assurant que les retombées de notre voyage vont bien où elles le devraient. À l’étranger, en restant à l’aguet des meubles de teck vietnamiens (souvent produits avec du bois laotien) ou en supportant des causes comme Big Brother Mouse, qui agit au niveau local pour promouvoir l’alphabétisation et la lecture dans ce pays qui n’a aucune librairie…

Finalement, la conclusion de ce périple est probablement que le meilleur moyen de se convaincre que le tourisme doit être équitable est de visiter un pays qui amorce ce virage vers l’ouverture sur le monde.

Deux jours à Luang Prabang

Je quitte Luang Prabang avec le goût d’y passer quelques jours de plus et la promesse d’y retourner un jour.

Pas d’ordinateur à notre arrivée en Thaïlande, mais je préfère publier le texte tout de suite et rajouter les photos plus tard, quitte à ce que ça soit à mon retour

Lors de notre arrivée après avoir quitté Vang Vieng environ 7 heures plus tôt (pourtant éloignée de seulement 175 km), nous avions bien hâte de se dégourdir les jambes et d’aller explorer la ville.

Premier arrêt, That Phu Si, la colline au centre de la ville afin de pouvoir observer le coucher de soleil ef le panorama sur le Mékong.

Après le souper, un bref passage au marché nocture Hmong au centre-ville. On peut y trouver de l’artisanat local, des textiles de toutes les qualités et à tous les prix, des T-Shirts pour touristes, etc. L’ambiance est sympathique et les vendeurs ne sont pas insistants et ne tentent pas à tout prix d’attirer notre attention, ce qui fait un gros contraste avec Hanoi (et avec le reste de l’Asie du Sud-Est, d’après ce que j’ai pu lire). Le guide Lonely Planet affirme que les kips dépensés ici s’en vont directement dans les poches des artisans, mais à voir l’homogénéité de certains produits d’un étal à l’autre, j’aurais tendance à mettre quelques bémols sur cette affirmation. Le marché reste quand même un arrêt important de toute visite à Luang Prabang.

Le lendemain matin, lever avant les aurores afin d’aller observer la ceuillette des offrandes des citoyens de la ville aux moines des différents temples bouddhistes de la ville. Au lever du soleil, vers 6 heures, les moines sortent de leur temples en procession et font le tour de la ville afin de recueillir la nourriture préparée par les habitants.

Afin de donner une offrande aux moines, le premier critère est que le geste soit spirituellement significatif pour celui qui fait l’offre. Si ce n’est pas le cas, les moines vont préférer que le touriste observe respectueusement le tout. Aussi, la personne qui fait l’offrande doit s’agenouiller et attendre la procession des moines, qui portent en bandouillère un panier. Si le moine juge que la personne est digne de faire l’offrande, il ouvre son panier et la personne doit y dépkser son offrande, habituellement du riz gluant ou des bananes. Le moine bénit alors la personne ayant fait l’offrande et continue son chemin.

La pratique incite au recueillement et à la méditation mais est parfois incomprise par certains touristes. Certains décident de faire une offrande mais n’observent aucun des codes, ce qui fait que la majorité des moines refusent leur offrande. Certains choisissent de ne pas faire d’offrande mais s’approchent de très près pour prendre des photos, souvent au flash. On imagine l’atmosphère de recueillement et de méditation que ça peut donner…

En explorant la ville par la suite, nous avons traversé des quartiers plus résidentiels alors que les moines finissaient leur tournée et l’atmosphère était beaucoup meilleure car il n’y avait pas de touristes dérangeants… Un des avantages de se lever aux aurores pour assister à cette cérémonie est qu’on peut ensuite explorer la ville et la voir s’éveiller sous nos yeux.

Pour déjeûner, deux croissants dangereusement bons, à la boulangerie Le Banneton, avec un café. Les laotiens prennent leur café avec une couche de lait condensé au fond de la tasse que l’on peut mélanger au goût pour sucrer le breuvage. En le mélangeant au complet, on obtient une boisson sucrée qui met bien en évidence les qualités aromatiques et la faible amertume du café lao.

Ensuite, visite du Musée National dès son ouverture. Lors de l’accession du Parti Communiste au pouvoir en 1975, l’ancien palais royal au centre de Luang Prabang a été coverti en musée et expose principalement des reliques de la période monarchique. La salle du trône, avec sa mosaïque faite de morceaux de verres est particulièrement impressionnante. En étant les premiers visiteurs de la journée, nous avons pu avoir le palais pour nous seul pendant presque une demie-heure, ce qui a rendu la visite d’autant plus agréable.

En soirée, souper chez Tamarind, un restaurant qui vise à rendre la nourriture lao moderne et fairemcomprendre les différentes saveurs de cette cuisine souvent confondue avec la cuisine thaïe. Ici, nous avons choisi un assortiment de 4 sauces dans lesquelles on trempe le riz gluant afin de lui donner un peu de goût. Une sauce aux piments verts (un peu piquante), une sauce au piments chili locaux avec un peu de peau de buffle grillée pour la texture (très piquante…!), une délicieuse sauce tomates et coriande qu’on aurait bien pu manger au Mexique (pas piquante du tout, même un peu sucrée) et une purée d’aubergines grillées (avec un superbe petit goût de fumée). La pièce de résistance était du poisson cuit vapeur dans une feuille de bananier à l’aneth qui fondait dans la bouche. Pour le reste du buffet, des petites bouchées de pousses de bambou, de légumes verts en feuille (genre rapini…) marinés.

En plus de vouloir faire une grande place à la culture locale, Tamarind insiste beaucoup sur le côté responsable de leur entreprise, et ce, par une série de petits gestes: bouteilles d’eau réutilisables, pas de pailles dans les breuvages, ils offrent un service de traiteur et si on ne veut pas de plats réutilisables qu’on doit leur rapporter, on doit payer 5000 kips de plus, etc. De plus, la moitié de menu est consacrée à expliquer la gastronomie lao et à présenter des organismes communautaires qui cherchent à faire une différence au Laos. Bravo pour cette initiative!

Après cette journée bien remplie, retour à l’hôtel bien mérité avant le départ pour deux jours sur le Mékong, d’où j’écris ces lignes. Au Laos, les abords du fleuve sont très montagneux et surprenamment très peu habités. On voit bien quelques maisons de temps en temps, mais la majorité de temps, le paysage est fait de montagnes assez abrupts et patriellement ravagés par l’exploitation (un peu sauvage) de la forêt lao. Je vais d’ailleurs revenir sur cet aspect plus tard. Bref, plein de temps pour écrire et prendre un peu de soleil…!

Coucher de soleil sur Luang Prabang

Coucher de soleil sur Luang Prabang
Coucher de soleil sur Luang Prabang
Aujourd’hui, je voulais mettre plusieurs photos pour illustrer le chemin parcouru depuis Hanoi, mais il se trouve que la connexion internet nous ramène au bon vieux temps où la vitesse des modems se comptaient en bauds… Voici donc un superbe coucher de soleil sur le Mékong à Luang Prabang, mon coup de coeur du voyage à date.

Sur ce, on retourne explorer les chutes de Kuang Si cet après-midi. Peut-être réussirai-je à uploader une autre photo ce soir…!

Depuis le centre du Laos

Juste un petit mot pour dire que nous sommes encore en vie et que tout se passe bien ici. Toutefois, c’est plus difficile de donner des nouvelles, ayant laissé mon portable à Shanghai et n’ayant pas eu la possibilité d’avoir accès à un ordinateur depuis Hanoi. Donc, aujourd’hui, un court post depuis mon iPod, sans photos…!

Le transfert entre le Vietnam et Lac Xao, ville frontière laotienne nous a pris environ 11 heures d’autobus, les 3 dernières à travers les montages. La vue était bien jolie et nous sommes arrivés au poste frontière sorti directement des années 70 et de la période de la guerre froide. Plutôt spécial comme expérience.

Lac Xao, rien vraiment à dire… La ville est toute petite et il n’y a pas grand-chose à faire. Un peu du genre de Jackman, pour ceux qui sont passés par le Maine, mais avec un peu plus de classe, quand même… On a pu jaser un peu plus avec le groupe, composé essentiellement d’Anglaises, de Norvégiennes, de Suissesses, d’Allemandes, d’un Irlandais et de nous. Oui, 13 filles et 2 gars…

Hier, saut de puce à Vientiane. Grâce à quelque chose qu’on a mangé, les effets secondaires de la malarone et/ou le 6 heures d’autobus entre Lac Xao et Vientiane, la forme n’était pas au rendez-vous. Une bonne nuit de sommeil a aidé à tout remettre sur pieds.

À Vientiane, l’Indochine française est toujours très présente. Les noms des rues et des avenues sont en Français, de même que le nom d’à peu près tous les organismes publics. On retrouve un nombre important de boulangeries et de cafés. Petite visite au Phra That Luang, symbole du Laos (bien!!), un saut au marché (bof.) et on repart sur la route pour Vang Vieng (3h30).

Nous en sommes à notre deuxième nuit dans cette petite ville entre Vientiane et Luang Prabang, réputée pour son party, sa descente de rivière en tripe (le tubing!!) et ses caves dans les montagnes environnantes.

Pour notre journée complète à Vang Vieng, nous avons choisi de louer un vélo et d’aller explorer une cave à environ und dizaine de kilomètres de la ville. Juste avant d’arriver à destination: crevaison! Ce n’est pas comme à Milles Bornes, je n’ai pas la carte du pneu increvable dans mon jeu… Heureusement, nous sommes arrêtés à côté d’un Petit restaurant/centre d’aide communautaire/fermette où un bon samaritain a pu m’emmener en moto vers la bourgade la plus proche pour faire réparer le tout. Allez visiter Sae Lao, ce sont des gens biens. Et si vous passez par Vang Vieng, allez visiter la cave Poukham et le Blue Lagoon (ça vaut la peine!), arrêtez prendre un merveilleux shake lime et menthe pour vous désaltérer et dire bonjour à Bob de notre part…!

Demain, dernière grosse journée de route du voyage, avec 7 heures pour se rendre à Luang Prabang, où on passe deux jours. J’espère bien pouvoir vous mettre des photos à ce moment-là! Sinon, n’hésitez pas à donner de vos nouvelles par Facebook, Twitter, email ou en laissant un commentaire sur le blog! Ça a l’air qu’on a manqué une bonne tempête de neige et une victoire du Canadien…