Boire québécois, plus qu’une fois par année

Autour de la St-Jean, chacun y va de ses suggestions de vin québécois, m’étant aussi prêté au jeu l’année dernière. Les restaurants sont fiers de mettre de l’avant une sélection au verre toute québécoise, certaines étant particulièrement jolies. C’est le temps de sortir ses vins québécois et c’est tant mieux.

Le vrai défi des producteurs québécois commence aujourd’hui, et pour les 364 prochains jours, c’est que le public s’intéresse à leurs vins plus d’une journée par année. Le mouvement est déjà bien entâmé pour les bières et les spiritueux, mais la côte est plus abrupte du côté des vignerons.

Vignoble de Sainte-Pétronille
Vignoble de Sainte-Pétronille

On a fait grand bruit de l’arrivée des vins québécois dans les épiceries de la province, mais, même s’il s’agit d’une amélioration dont certains pourront prendre avantage, la distribution n’est pas le problème le plus difficile auquel les vignerons québécois devront s’attaquer. Les vins québécois ont une grosse pente à remonter au point de vue de la notoriété. Le consommateur doit d’abord se défaire de l’apriori qu’on ne fait que des vins sucrés au Québec, conséquence fâcheuse du succès du vin et du cidre de glace. Ensuite, il faut pousser à la découverte, s’assurer que les conseillers de la SAQ (ou des épiceries fines qui offrent des vins québécois) sachent et n’hésitent pas à les recommander, ce qui est loin d’être gagné.

L’industrie vinicole au Québec est en pleine ébullition au cours des dernières années. Les stocks malheureusement limités de Pinard et Filles, du Domaine du Nival et des Pervenches font courir les foules, et pas seulement parce que le vin est difficile à trouver, mais principalement parce qu’il est délicieux. On n’a qu’à souhaiter qu’ils puissent continuer à grandir et perfectionner leur produit.

Il faut passer de “je vais acheter un vin québécois” à “je vais acheter un bon vin et, en plus, il s’agit d’un vin québécois”. Passer de l’achat patriotique fait une ou deux fois par année à un achat basé sur la qualité du produit. Qu’on le veuille ou non, le vin québécois reste un produit de niche, du moins pour les prochaines années, mais il est du ressort de tous un chacun de le faire sortir, à sa manière, de cette relative indifférence.

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Julien Marchand

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