Zeste et Philippe Dandurand – un pas dans la bonne direction

En novembre dernier, j’avais pointé les relations ambiguës entre la chronique vin du magazine Zeste et un de ses annonceurs principaux, les vins Philippe Dandurand. Pour résumer, la chronique signée par Caroline Dandurand, sommelière ne proposait que des vins de cette agance, sans aucune mention

Zeste - Printemps 2015
Zeste – Printemps 2015

Cette fois-ci dans le magazine Zeste du printemps 2015, le tir a été légèrement corrigé. Comme on peut le voir ci-dessous, l’auteur est maintenant identifiée comme Caroline Dandurand, sommelière, vins Philippe Dandurand et l’article est situé sous un petit écusson qui mentionne Promotion spéciale.

Il s’agit d’un pas dans la bonne direction de la part du magazine, qui identifie un peu plus clairement qu’il s’agit d’une publicité. On ne mentionne par contre nulle part que les vins proposés sont tous représentés par la même agence, qui s’adonne aussi à représenter le vin de Frescobaldi annoncé en pleine page tout juste à côté.

Mention honorable à Zeste donc, pour avoir fait évoluer la présentation de cette chronique. Je ne pense pas que le consommateur y sort gagnant même avec cette présentation, mais il s’agit d’un pas dans la bonne direction. Prochaine étape: avoir un(e) chroniqueur vin indépendant et assumer les publicités dans le reste du magazine.

La morale de cette histoire est qu’il faut toujours être aux aguets lorsqu’on lit une recommandation vin. Il faut chercher à savoir d’où provient cette recommandation et si l’auteur a un palais compatible avec le nôtre.

Sinon, on va aller en SAQ pour acheter un Pâtisserie du vin en pensant que c’est une bonne idée car il a été recommandé dans un magazine…

Regarnir la cave

Après le temps des Fêtes et les multiples réunions de familles et d’amis, l’amateur de vin se retrouvera souvent devant une cave significativement plus vide qu’au début décembre. Faudra penser à la regarnir, tant qu’à y être, le faire de manière intelligente…

Surtout, ne pas paniquer à la vue des emplacements vides dans les racks. On ne remplace pas de la même manière des vins qui ont été éclusés sans vergogne par votre beauf préféré que les grands crus sortis pour de la visite particulièrement spéciale. À moins d’avoir profité de la période des Fêtes pour liquider certaines quilles dont le style était tombé en défaveur, on cherchera autant que possible à remplacer dans la même catégorie.

Reserva del fin del Mundo - Photo: SAQ.com
Reserva del fin del Mundo – Photo: SAQ.com

Amateurs du Nouveau Monde (ou les autres qui cherchent à le découvrir), c’est au sud de l’Argentine, en Patagonie, que ça se passe. À 800 km au sud de Mendoza se trouve l’origine de la Reserva del Fin del Mundo, la preuve embouteillée qu’on peut faire du bon malbec sans nécessairement chercher à mettre plus de tout sous le bouchon. Oui, c’est intense et mûr, mais il conserve avant tout une fraîcheur certaine qui garde le tout en équilibre. Servez le avec une belle pièce de viande, il vous en redonnera beaucoup. Sous la barre de 20$, il vous permettra aussi de payer le compte de carte de crédit de janvier.

Pour la (longue) garde, j’ai un faible pour le nebbiolo. On pense immédiatement et avec raison à Barolo et Barbaresco, mais je vous invite à aller chercher un peu plus au nord, dans l’appellation Gattinara. Autrefois preque aussi plantée que ses deux cousines plus au sud, la région a vu son vignoble passer de 40000 hectares à 1500 aujourd’hui, conséquence du phylloxéra et de l’exode vers Milan et Novara. La maison Antoniolo est un leader de l’appellation, misant sur la qualité de ses crus allant jusqu’à les embouteiller séparément depuis plus de 30 ans. Sur les tablettes de la SAQ, cherchez le Gattinara de base, passez le en carafe pendant quelques heures et, si vous aimez, laissez-vous tenter par le San Francesco ou le Osso San Grato, nommé meilleur vin rouge d’Italie par le prestigieux Gambero Rosso en 2006…

Vieilles vignes de Nerello Mascalese sur l'Etna
Vieilles vignes de Nerello Mascalese sur l’Etna

Finalement, pour sortir des sentiers battus, rendez-vous sur les flancs de l’Etna, où pousse des principalement des plants de Nerello Mascalese et de Nerello Cappuccio. Cultivés en altitude (entre 600 et 1000 mètres), ils donnent des vins d’une couleur pâle qui combleront l’amateur de pinot noir. Le plus haut volcan d’Europe a aussi laissé plusieurs coulées de lave au cours des siècles, façonnant ainsi une osaïque géologique particulièrement complexe. La SAQ Signature commercialise depuis cette semaine 5 cuvées Contrada d’Andrea Franchetti, dont on dit le plus grand bien. Dans le registre plus abordable, le Masseria Setteporte 2010 est un achat judicieux pour s’initier à ces vins.

Comme quoi c’est facile de vider et que si on est curieux un peu, c’est aussi très facile de remplir la cave!

Merci à LBV International pour l’échantillon de Reserva del Fin del Mundo.

3 moments magiques de 2014

Déjà les journées les plus courtes de l’année et la neige qui est de retour… Un peu comme tout le monde, j’ai l’impression que pas plus tard qu’hier, je sirotais un verre sur la terrasse en shorts et en sandales.

Une semaine au pays du Porto

En octobre, j’ai eu la chance de participer avec 4 autres blogueurs à la tournée #Douro14, une semaine à Porto et dans la vallée du Douro, dans le but de découvrir les traditions culinaires et viticoles de ce bout de pays classé sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.

Non seulement on a pu faire la connaissance de vignerons passionnés et de blogueurs sympathiques, mais partout où nous sommes passés, nous avons été reçus comme des rois. La dégustation de vieux Tawnys chez Sogevinus restera très longtemps gravée dans ma mémoire, avec des bouteilles des années 1930. Aussi, le charme et la convivialité d’Ana Rosas chez Ramos Pinto qui nous a reçu autour de la table du salon à la Quinta de Bom Retiro, pour jaser assemblages de Porto en dégustant les composantes de ce qui deviendra éventuellement les cuvées 2014 du domaine.

Dégustation chez Sogevinus - Ryan Opaz
Dégustation chez Sogevinus – Ryan Opaz

Les carnets de note sont encore pleins, mais cette semaine m’a surtout donné le goût de redécouvrir le Porto, qui n’était définitivement pas apprécié à sa juste valeur à la maison.

Une petite virée en Bourgogne

En mai dernier, je suis allé à Grenoble pour y travailler une semaine. Tranquille au niveau vinicole (j’y allais pour travailler, quand même!), mais j’ai toutefois pu prendre la fin de semaine pour étendre mon séjour et visiter des vignobles. En regardant la carte, la conclusion se tirait d’elle-même. On ne peut pas être à 2 heures de route de la Bourgogne sans aller faire un tour…

Armé de quelques rendez-vous organisés depuis le Québec et une liste de parcelles auxquelles je ne devais pas manquer, ces deux jours m’ont surtout donné le goût d’y retourner, avec cette fois, l’intention d’en faire la destination principale du voyage et d’y passer plus que deux jours…!

Village de Pommard
Village de Pommard

Fêter en grand

Vincent, de Un Chef à Québec
Vincent, de Un Chef à Québec

Organiser un souper pour souligner un soixantième anniversaire, ce n’est pas tous les jours qu’on peut faire ça. En collaboration avec Guillaume Barry de Un Chef à Québec et avec quelques coups de main virtuels, ce fut une soirée mémorable.

Gougères et magnum de champagne Bruno Paillard, magret de canard laqué au miel au poivre rose et romarin avec un Riesling 2006 de Valentin Zusslin ainsi qu’un vin de l’année de naissance de chacun des enfants présents (Château Fonbadet 1986 de chez Champlain Charest et Quinta da Covela Porto Vintage 1983) pour s’assurer de mettre un terme de belle manière aux festivités.

Les vins étaient tous bons. Les accords étaient bien réussis (particulièrement le riesling!). Mais cette soirée a surtout été le meilleur exemple que le vin est tellement meilleur lorsqu’il est partagé avec ceux qu’on aime.

Je vous souhaite beaucoup de ça avec 2015 qui s’amorce.

Jouer à l’été

Photo: saq.com
Photo: saq.com

Novembre et début décembre. Il fait froid. Il fait noir. Parfois, on a envie que ça soit l’été.

Pour que ça le soit dans notre verre, l’idéal est de commencer avec la soirée avec un Port-Tonic, l’antidote parfait à ce temps un peu plate.

C’est tout simple. On prend une dose de porto blanc (j’ai pris le Ferreira, disponible à peu près partout et la seule grande maison de Porto qui a toujours été propriété portugaise) à laquelle on ajoute 2 doses d’eau tonique. Points bonus si on prend un tonic artisanal comme le 3/4 oz. tonic maison, un super produit québécois.

Le reste est de laisser aller sa fantaisie. J’aime bien avec un peu de lime et de menthe,  ça rajoute l’acidité parfois manquante dans le porto blanc et un bon coup de soleil.

Pour faire contraste, on sirote le tout devant un feu de foyer en pensant à l’été et aux vacances qui s’en viennent. La saison à laquelle on fera ce drink en quantités industrielles pour tous les amis.

Comfort food. Comfort Wine.

Les accords mets et vins ont parfois la réputation d’être compliqués et de demander de bien connaître les interactions entre le vin et la nourriture sur le bout des doigts. Il y a toutefois quelques accords tout simples qui fonctionnent à tout coup.

Sangiovese di Romagna de Poderi dal Nespoli
Sangiovese di Romagna de Poderi dal Nespoli

Mon comfort food par excellence est une généreuse portion de pasta all’arrabiata, une sauce toute simple à base de tomates, de pancetta et de peperoncino. Un grand classique italien facile à préparer qui me rend heureux à chaque fois.

Côté vin, pas besoin d’aller chercher bien loin, l’accord régional fonctionne parfaitement. Un vin italien à base de sangiovese va particulièrement bien avec les plats à base de tomate comme celui-ci. On pourrait aller piger en Toscane, plus particulièrement dans le Chianti, où il y a amplement de choix pour s’amuser.

La dernière fois, j’ai plutôt opté d’aller du côté de l’Émilie-Romagne, chez Poderi dal Nespoli. Domaine fondé en 1929, leur cuvée Prugneto, faite des plus vieilles vignes du domaine, est disponible sur les tablettes de la SAQ pour 20$.

Légèrement timide à l’ouverture de la bouteille, il s’est rapidement épanoui dans le verre avec un nez de fruits bien murs et des notes épicées. Plaisant et généreux, tout en conservant une certaine retenue. C’est surtout son acidité en bouche qui lui permet de bien s’agencer avec la tomate de la sauce et d’offrir toute la fraîcheur désirée. Tous deux se complémentent à merveille et même si ce n’est pas nécessairement l’accord le plus original, il fonctionne tellement bien qu’on serait fou de s’en passer!

Merci à Elixirs Vins et Spiritueux, qui m’a fourni la bouteille en échantillon, j’en ai racheté par la suite!