Deux vins blancs atypiques

On lit souvent que les fromages s’agencent mieux avec les vins blancs. L’accord est même moléculairement correct selon ce qui est présenté par François Chartier dans Papilles et Molécules. Ainsi, lors d’un vin et fromages entre amis il y a quelques semaines, nous avons pu valider cette affirmation avec deux vins totalement différents.

Château Pajzos Tokaji Furmint 2007
Château Pajzos Tokaji Furmint 2007

Tout d’abord, le Furmint Tokaji Château Pazjos 2007 présentait sa robe jaune pâle aux invités. Il s’agit d’un vin blanc sec, provenant d’une région réputée pour ses vins liquoreux, au nord-est de la Hongrie. On laisse ici fermeter le furmint jusqu’à ce que le sucre soit totalement transformé en alcool, puis le vin est vieilli en cuves inox (fort probablement, pour une durée inconnue) avant d’être mis en bouteilles.

Le résultat est un bon petit vin, pas très complexe, d’un équilibre certains. Pour 13,70$, il s’agit d’un très bon rapport qualité-prix et venait complémenter les fromages plus doux tels le chèvre frais et le jeune gouda.

[rating:2.5/5] – Code SAQ: 860668 – 13,70$

 

Servi en parallèle, le Domaine Les Brome Vidal Réserve 2006 avait été choisi comme le vin déroutant de la soirée. Personne n’avait d’expérience préalable avec des vins blancs secs du Québec, encore moins avec le Vidal.

Le Vidal Blanc est un cépage hybride français-américain, cultivé aux États-Unis et au Canada et qui est particulièrement bien adapté au climat nordique. Récolté très tard à la mi-novembre, le Réserve Vidal est fermenté à basse température sur sa lie, directement en barriques neuves américaines, puis bâtonné pendant trois mois pour maintenir la lie en suspension.

Il en résulte un vin au nez extrêmement puissant, dominé par les notes boisées de la barrique. On retrouve certes en appui des notes florales, de fruits exotiques et de miel, mais on sent la main du vigneron à l’avant-plan. La complexité est présente, à la fois au nez comme en bouche et la longueur est bien respectable.

Avec ce caractère “In your face”, on ne peut pas rester indifférent face à ce vin. Bien qu’il ne soit pas mon type de vin préféré (je préfère un peu plus de subtilité et un peu moins de boisé), il est ressorti gagnant de cette vague pour sa fougue et son caractère. À table, il sait tenir tête aux fromages avec plus de corps, tel un Oka ou un St-Paulin. L’accord est aussi surprenant avec un fromage bleu plutôt modéré.

[rating:2.5/5] – Code SAQ: 10919707 – 22,45$

Masi Tupungato Passo Doble 2007

Lorsqu’on évoque la maison Masi, on pense tout d’abord à la Vénétie, à l’amarone et aux cépages de la Valpollicella (Covina, Rondinella et Molinara). L’association ne se fait pas automatiquement avec ce vin d’Argentine, à mi-chemin entre les Alpes et le Andes.

Toutefois, depuis un peu plus d’une dizaine d’années, de plus en plus de grandes maisons européennes s’intéressent au vignoble argentin. Par exemple, le Château Cheval Blanc s’est associé avec les Terrazas de los Andes pour produire le Cheval des Andes, Michel Rolland et 6 autres produceurs de haut niveau produisent le Clos de los Siete.

Masi Passo Doble Tupugnato 2007
Masi Passo Doble Tupungato 2007

On s’étonne donc moins de retrouver la maison Masi dans les vignobles de Tupungato, situés à 1000 mètres d’altitude dans les Andes, un peu au sud de Mendoza. Ils y ont amené la technique du Ripasso, qui consiste en une refermentation du moût sur le marc our sur des raisins partiellement séchés pendant une dizaine de jours afin de donner plus de concentration, de profondeur et de couleur au vin. Ripasso veut dire passer de nouveau, d’où le nom du vin produit par Masi en Argentine: Passo Doble, double passage.

Dans ce cas-ci, il s’agit d’un vin fait à base de Malbec (70%) qui, une fois fermenté, est ajouté à du Corvina légèrement séché (30%). Une deuxième fermentation s’ensuit, pendant 15 jours, avant d’être vieilli pendant 9 mois en barriques de chêne français.

Il en résulte un vin définitivement moderne, typiquement argentin. Le malbec domine ici et on y retrouve ses tanins ronds et enjôleurs. Comme plusieurs vins argentins, le passage en barriques est tout à fait remarqué ici, avec des notes de vanille au nez et de torréfaction en bouche. Heureusement, l’utilisation du corvina vient ajouter un peu plus de profondeur et un peu de fraîcheur.

Le vin est à son meilleur avec des grillades goûteuses, ce qui ne surprend pas du tout puisque les Argentins sont les plus grands mangeurs de viande au monde. Il demande un plat rustique et de grillé qui viendra complémenter l’élevage bien présent dans ce vin.

[rating:2/5] – Code SAQ: 10395309 – 16,65$

Domaine d’Aupilhac Lou Maset 2007

Le Languedoc-Roussillon est principalement reconnu pour ses vins généreux, expressifs et surtout, peu chers! Toutefois, depuis quelques années, la production se diversifie. On retrouve maintenant des producteurs de toutes les gammes: des producteurs haut-de-gamme comme le Domaine de Montcalmès, des plus petits producteurs intéressants et aussi des producteurs très quelconques.

Domaine d'Aupilhac Lou Maset 2007
Domaine d\’Aupilhac Lou Maset 2007

On retrouve quelque part entre les deux premières catégories le domaine d’Aupilhac, au nord-ouest de Montpellier. Sylvain Fadat s’est forgé une réputation en étant un des premiers producteurs à produire un vin composé à 100% de carignan, cépage habituellement utilisé dans un rôle secondaire.

Dans le cade de l’arrivage Cellier d’automne 2009, la SAQ propose deux vins du domaine situés aux antipodes de l’offre du vignoble. Les Cocalières est la cuvée haut-de-gamme, dont les raisins viennent d’un seul vignoble et est vieilli 15 mois en foudres. Pour près de la moitié du prix, le Lou Maset est aussi offert aux consommateurs québécois.

Composé principalement de Grenache et de Cinsault, avec des additions de Carignan, de Syrah et d’Alicante Boucher, la cuvée d’entrée de gamme du Domaine d’Aupilhac se veut, de l’aveu même du producteur, un vin de tous les jours.

C’est d’ailleurs ce qui fait son charme: on ne se prend pas la tête lors de la dégustation de ce vin. C’est généreux, fruité à souhait, gouleyant, avec une finale légèrement épicée. On se laisse séduire très facilement par ce vin car s’il n’est pas très complexe, il est bien fait et rien n’accroche.

Un vin du Languedoc comme on les aime!

[rating:2.5/5] – Code SAQ: 11096116 – 15,95$

Domaene Gobelsburg Grüner Veltliner 2007

Domaene Gobelsburg Grüner Veltliner
Domaene Gobelsburg Grüner Veltliner

Pour cette première itération de mon défi de bloguer sur un total de 100 cépages différents, on commence du côté de l’Autriche avec un cépage typiquement autrichien. À une heure au nord de Vienne se situe la petite ville de Gobelsburg et le château du même nom, au coeur de l’appellation Kamptal. Avec une histoire remontant jusqu’à 1171, le domaine possède de solides assises historiques et l’administration actuelle, qui a repris le tout en main en 1996, s’est taillé une place de choix dans le paysage vinicole autrichien.

Puisqu’il occupe 36% du vignoble autrichien, les vignerons autrichiens ont utilisé de toute leur imagination pour la vinification de ce cépage. On le retrouve principalement sous la forme d’un jeune vin blanc, mais certains en font du mousseux, du vin de glace ou un vin de table destiné à un long vieillissement.

Le Domaene Gobelsburg est la cuvée d’entrée de gamme du Schloss Gobelsburg. Récolté à partir de vignes autour du village de Gobelsburg en octobre 2007 puis vieilli en inox jusqu’en janvier 2008, le vin se veut une représentation typique du Grüner autrichien qu’on boit jeune et en mangeant. Il est toutefois difficile à cerner: l’acidité est présente sans dominer, on retrouve un peu de sucre résiduel, des restes de gaz carbonique et des notes principalement florales et minérales. Les plus optimistes diront que le vin est équilibré, je l’ai plutôt trouvé brouillon et manquant un peu de personnalité.

Pour 15,95$, il s’agit d’un rapport qualité-prix correct, sans plus. Dommage, puisque le vin possède plusieurs beaux éléments, mais rien qui marque vraiment. Le millésime 2007 n’a pas été facile en Autriche, on donnera donc le bénéfice du doute au producteur…

[rating:1.5/5] – Code SAQ: 10790317 – 15,95$

Une centaine de cépages différents

Lorsqu’on tente d’énumérer des cépages, on retrouve souvent les mêmes habitués en tête de liste: merlot, cabernet sauvignon, chardonnay, etc. Toutefois, entre Aglianco et Zweigelt, la liste est longue. C’est tout à fait ce que veut promouvoir le Wine Century Club, une organisation qui veut faire connaître les cépages les moins connus de la planète.

Dans un esprit similaire, Tom Mansell de Ithacork s’est lancé un défi: déguster 100 cépages hybrides différents. L’expérience est de pousser le concept du Wine Century à l’extrême et de faire la promotion du vin local.

Insigne du Wine Century Club
Insigne du Wine Century Club
Mon objectif est un peu moins ambitieux mais plus réalisable. Je me donne donc comme défi de déguster (et surtout de bloguer) jusqu’à 100 cépages différents. Selon mon profil sur CellarTracker, je suis rendu à près de 75 cépages. Puisqu’on estime le nombre de cépages différents à près de 10 000, se rendre à 100 ne consititue qu’un faible échantillon de ce qui est disponible sur la planète viticole. Pourquoi 100? Car c’est un chiffre rond qui fait une belle première étape!

Afin d’encadrer ce défi, certaines règles seront mises en vigueur:
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