Coups de coeur biodynamiques à la Renaissance des Appellations

La Renaissance des Appellations, ce regroupement de producteurs mené par Nicolas Joly tenait sa dégustation quadriennale à Montréal le 29 février dernier. Près de 60 producteurs étaient présents pour faire découvrir leur gamme de produits, produits selon la charte de qualité du groupe, qui vise à rendre l’esprit de l’appellation d’origine contrôlée: ce qui rend possible le goût d’un lieu particulier.

Nicolas Joly
Nicolas Joly et ses vins de la Coulée de Serrant

Comme le mentionnait Nicolas Joly (à droite) lors de sa conférence, une appellation d’origine contrôlée, c’est un climat et un sol. Comme corollaire, tout ce qui peut empêcher ce climat et ce sol de s’exprimer doivent donc être évités: engrais chimiques, désherbants, levures sélectionnées, osmose inverse, etc. Il est intéressant de notre que le groupe n’interdise pas l’utilisation du soufre mais le voit plutôt comme un mal nécessaire lorsque vient le temps d’expédier des vins à 5000 km de leur lieu d’origine. Certains vignerons choisissent de ne pas l’utiliser, mais il s’agit d’un choix personnel et non dicté par la Renaissance des Appellations.

Lors du salon, je n’ai pas goûté de vinaigre glorifié fait par des hippies, n’en déplaise à Michel Chapoutier. De manière générale, j’ai goûté de bien bons vins, quelques très bons et certains sont vraiment venus me chercher. Attardons-nous ici sur ces coups de coeur…!

Je l’affirme d’entrée de jeu, j’adore les vins de Stéphane Tissot. Que ce soit sont chardonnay Les Bruyères, son vin jaune ou le pinot noir En Barberon, tous les produits que j’ai eu l’occasion de goûter m’ont particulièrement plu. De la gamme dégustée dans le cadre de ce salon, j’en retiens le chardonnay La Mailloche qui sait allier puissance et pureté. L’équilibre et la longueur sont impressionnants et il était d’après moi meilleur que La Tour de Curon qui le suivait (et qui était vendu le triple du prix). Pour 39,50$, il s’agit d’un achat particulièrement avisé, disponible en importation privée en caisses de 12 chez Alain Bélanger.

Les vins de Stéphane Tissot
Les vins de Stéphane Tissot

Stéphane Tissot a aussi pris le pari que l’effet de terroir puisse s’exprimer aussi dans le vin jaune, malgré le vieillissement de plus de 6 ans sous voile. Le vin jaune “En Spois” 2004 est une belle introduction à ce vin si particulier, avec un fruit étonnamment présent et accessible. Servi à la suite, le vin jaune “Les Bruyères” 2004 est quant à lui plus rustique et plus tourbé, comme on pourrait s’attendre d’un vin jaune plus puissant. On en conclut que le pari initial est réussi. J’ai bien hâte de voir cette logique poussée plus loin dans les millésimes subséquents. Si vous avez manqué le passage de Stéphane Tissot, vous pourrez vous reprendre au mois d’avril prochain alors qu’il sera en tournée à Québec et Montréal avec d’autres vignerons jurassiens.

Ce salon fut aussi ma première expérience avec les vins de la Coulée de Serrant, domaine de Nicolas Joly et de sa fille Virginie. Terroir d’exception, la Coulée de Serrant est plantée en vigne depuis 1130 et 2012 marque la 882e vendange consécutive. Les vins qui y sont produits sont uniques, tant au niveau du terroir que de l’approche vinicole. Ainsi, le millésime 2006 des Vieux Clos compte 15% de raisins botrytisés alors que le millésime 2009 n’en compte que 5%. Pour Nicolas Joly, il s’agit de prendre ce que la nature donne cette année et de tâcher d’en faire le meilleur vin possible. Une petite pointe oxydative, une couleur dorée intense et une superbe minéralité sont les points communs entre les différentes cuvées. La Coulée de Serrant 2009 est en soi une expérience de dégustation. C’est le millésime 2006 qui est présentement en vente à la SAQ Signature, pour la modeste somme de 113$. Est-ce que ça en vaut la peine? J’oserais affirmer que oui.

Mon autre coup de coeur va à Olivier Cousin, vigneron en Anjou qui a fait parler de lui récemment à cause des ses démêlés avec le service de la répression des fraudes, pour son utilisation du mot “Anjou”. Nonobstant s’il s’agit de vin d’Anjou ou de “vin de table en Anjou”, les quatre cuvées dégustées étaient de haut niveau. Le Grolleau Vieilles Vignes et le vin de table Yamag (serait-ce du gamay…? ;)) sont des vins qu’on boirait tous les jours sans aucun regret. Les deux cuvées de cabernet franc, Pur Breton et Vieilles Vignes, sont quant à elles beaucoup plus sérieuses et profondes. Des vins de très haut niveau. Les vins d’Olivier Cousin sont importés au Québec par les Importations du Moine, liées au superbe restaurant Le Moine Échanson, à Québec. Heureusement, on retrouve régulièrement de ces vins dans la section vins à emporter du restaurant, ce qui permet de découvrir ces superbes vins sans devoir commander une caisse complète comme dans le cas des importations privées classiques.

Je m’en voudrais aussi de ne pas mentionner les grands Bourgognes du Domaine Trapet (Chapelle-Chambertin hallucinant, mais à 200$), Champagne Fleury Brut 1995 (le millésime 1996 est présentement en succursales) et les Croze-Hermitage du Domaine les Bruyères.

Au final, il s’agit d’un très beau salon organisé par le Raspipav. Quatre ans, c’est long avant la prochaine édition…!

Une bonne dose de nature – la Renaissance des Appellations

Le 29 février est une date à mettre sur son calendrier. Oui, cette date revient une fois par 4 ans, mais ce n’est pas la raison. Montréal sera alors l’hôte de la Renaissance des Appellations, un groupe de vignerons biodynamiques mené par Nicolas Joly. De ce groupe de près de 175 vignerons, 58 producteurs seront en ville pour faire découvrir leurs vins.

La biodynamie, présentée comme une alternative crédible à l’agriculture moderne par ses défenseurs, mais plutôt comme des principes ésotériques par ses détracteurs ne laisse personne indifférent. Ce principe ne s’applique pas qu’au vin, mais à toute forme d’agriculture. En 2010, le site New York Cork Report a publié une très bonne série d’articles sur la biodynamie, d’un point de vue d’un scientifique cherchant à comprendre. Difficile de parler de biodynamie sans tomber dans la controverse…

Si vous voulez bien investir une heure de votre journée, je vous recommande de visionner l’interview que Gary Vaynerchuk a mené avec Nicolas Joly dans le cade de Wine Library TV. Visiblement, le personnage ne manque pas de charisme, tout comme ses vins.


Talking Biodynamics with Nicolas Joly – Part I -… par winelibrarytv


Talking Biodynamics with Nicolas Joly – Part II… par winelibrarytv

Parmi les vignerons présents à Montréal, on note les noms d’Ostertag et Zind Humbrecht en Alsace, Champagne Fleury, André et Mireille Tissot du Jura et de Montirius. La Loire est bien représentée, avec La Coulée de Serrant, Olivier Cousin et le Domaine de l’Écu, qui fait un muscadet incroyable. Parmi les autres, des belles découvertes m’attendent certainement.

La dégustation de la Renaissance des Appellations est ouverte au public, de 17h30 à 21h00. On doit s’inscrire à l’avance, pour la modique somme de 38$. Difficile de résister…!