Les Prix du Public Desjardins 2012

Le 24 février dernier, j’ai eu l’opportunité de participer aux Prix du Public Desjardins 2012, grâce à l’invitation du magazine Exquis, avec quelques autres bloggeurs de la ville de Québec. Ce concours vinicole cherche à combler un besoin bien présent dans le monde du vin: un concours dans lequel les récompenses données refléteront l’opinion des consommateurs.

Ainsi, 350 dégustateurs amateurs ont été réunis dans la salle de bal du Château Frontenac afin d’évaluer à l’aveugle 8 vins. Afin de nous aider dans notre tâche de juré, chaque table était guidée par un président de table qui oeuvre dans le domaine: sommelier, conseiller à la SAQ, amateur passionné. Au service, des étudiants en hôtellerie du Cégep de Limoilou sous la direction du sommelier Kler-Yann Bouteiller, nous ont permis de vivre une vraie expérience de dégustation à l’aveugle dans des conditions à peu près idéales.

Les serveurs recevant les instructions. Photo: Magazine Exquis
Les serveurs recevant les instructions. Photo: Magazine Exquis

Pour ce qui est des vins dégustés, notre table a eu à évaluer deux cidres pétillants du Québec, 6 vins rouges espagnols et un vin aromatisé du Québec. Encore aujourd’hui, je ne sais pas du tout ce que j’ai pu goûter. Des deux cidres, un était correct, l’autre était franchement mauvais. Les Espagnols? Pas aussi boisé que j’aurais pu l’anticiper. Au final, je leur ai décerné décerné deux médailles d’argent (entre 84 et 89 points) et deux médailles d’or (entre 90 et 94 points). L’avant dernier vin de la vague était particulièrement bien, avec une bonne structure et un équilibre qui l’a amené une peu au-dessus des autres. Le vin aromatisé, probablement à la poire était bien agréable, servi en tant que dessert. Il conservait une belle fraîcheur malgré le sucre. J’en achèterai peut-être, si je finis par savoir ce que c’est…!

L’exercice met en lumière la subjectivité de ce qu’est la dégustation d’un vin. Il est arrivé à plusieurs reprises qu’un vin ne fasse pas l’unanimité et que les notes diffèrent significativement. Certains pourraient y voir un manque d’expérience dans ce type de concours. Je préfère expliquer cette différence par le fait que tous dégustent différemment et que malgré les critères qui nous étaient imposés par la feuille d’évaluation, l’appréciation d’un vin va varier énormément selon le palais du dégustateur.

Le Prix du Public Desjardins 2012
Une feuille de pointage - Cliquez pour voir plus en détail

Les lauréats du Prix du Public 2012 seront dévoilés le 24 mars, lors d’un événement au Château Frontenac. J’ai hâte de découvrir quels produits ont été primés et tenter de savoir lesquels nous ont été servis!

Note: J’ai participé à cet évènement à l’invitation du magazine Exquis, mais ces propos sont formulés à titre tout à fait personnel et indépendant.

Vous aimez le Brouilly de Duboeuf? Essayez ça pour voir!

Brouilly de Georges Duboeuf
Brouilly de Georges Duboeuf

Parmi la liste des vins les plus vendus au Québec, on retrouve, année après année, le Brouilly de Georges Duboeuf. Sa bouteille allongée fait partie des classiques pour célébrer une occasion spéciale avec quelqu’un qui affectionne les vins légers. En 2010, ce Brouilly représentait plus du tiers des ventes de tous les Beaujolais vendus par la SAQ.

Personnellement, je ne suis pas un grand fan de ce vin. Il est certainement bien fait, mais je trouve qu’il est un peu trop générique et qu’il manque de personnalité. Une bouteille ouverte récemment a confirmé mes impressions, même dans le millésime d’exception qu’est 2009 dans le Beaujolais: un nez sur les fraises avec quelques notes d’épices, un peu de minéralité et une longueur correcte, mais le tout reste relativement simple.

Pour les amateurs de Brouilly de Duboeuf curieux, voici d’autres Beaujolais qui méritent les 20$ qui auraient été dépensé sur l’emblématique quille.

Fleurie Poncié 2009, Domaine du Vissoux
Fleurie Poncié 2009, Domaine du Vissoux

Il faut tout d’abord goûter ce qui sort de chez Pierre-Marie Chermette, du Domaine de Vissoux. Sous la barre des 20$, le Beaujolais Les Griottes est tout à fait recommendable. Le profil est clairement Beaujolais, mais son caractère est bien plus affirmé que le Duboeuf. J’ai découvert ce producteur grâce à la formidable entrevue d’Eric Asimov dans la revue Cellier, que je vous invite à lire pour découvrir le personnage s’il vous est encore inconnu. On retrouve deux cuvées de Fleurie, dont il est question vers la fin de l’entrevue, en vente à la SAQ. Le Poncié mérite de dépasser la barre des 20$ tout légèrement et de passer son tour lors d’un escapade au Tim Hortons. Au moment d’écrire ces lignes, il en reste quelques unes dans le réseau, c’est un vin qu’il ne faut pas laisser passer.

Si vous magasinez à la SAQ Dépôt, vous avez probablement croisé sur votre chemin le Brouilly Sous les Balloquets de Louis Jadot. Un nez bien expressif de petits fruits rouges, des tanins souples et aimables, à boire à grandes lampées assez frais, sur la terrasse avec des charcuteries. Avec le rabais offert par la SAQ Dépôt, il revient à 17$, amplement suffisant pour aller au Tim Hortons le lendemain…

Finalement, le Beaujolais l’Ancien de Jean-Paul Brun, un des piliers de la renaissance du Beaujolais mérite notre attention. Faites de vieilles vignes, les parcelles servant à l’élaboration de l’Ancien sont situées un peu partout sur le territoire du Beaujolais, d’où l’appellation générique. L’attention portée au résultat final, avec une agriculture dans le respect de la nature et un traitement minimaliste dans le chai (peu de soufre ajouté), donne ici un vin de soif, qu’il sera agréable de boire légèrement rafraîchi, sur une terrasse avec des charcuteries et des bons amis.

Au final, ce qu’il faut retenir de cet article est qu’il ne faut pas hésiter à être curieux et sortir des sentiers battus. Je suis certain qu’on pourrait écrire un article similaire pour le Ménage à Trois, la coqueluche des Québécois en 2011.

Gran Viña Sol 2001

Gran Vina Sol
Gran Vina Sol

On ignore souvent le potentiel de vieillissement des vins blancs, croyant que seuls les vins blancs haut-de-gamme pouvaient se prêter à un repos prolongé en cave. Toutefois, lors d’une soirée organisée à la maison, j’ai eu une belle démonstration du contraire.

On connaît le Gran Viña Sol de la maison espagnole Torrès comme étant un exemple typique d’un vin espagnol moderne. J’ai comme souvenir d’un vin résolument assez boisé et international, mais très bien fait dans le style. Bref, le genre de vin que tout le monde peut aimer sans difficulté.

Toutefois, le millésime 2001, oublié pendant près de 8 ans dans la cave d’un ami, a su confirmer les qualités qu’on pouvait entrevoir lorsque le vin est jeune. Le boisé est bien intégré, le nez est plus complexe, l’acidité est un peu plus en retrait, mais toujours présente et qui garde le tout en équilibre. Même si 2001 est un très bon millésime (sans toutefois être exceptionnel) selon Miguel Torrès, il a su viellir en beauté et offre beaucoup de plaisir présentement.

Bref, une bien belle bouteille qui nous incite fortement à coucher quelques uns de ces vins pour plusieurs années et qui nous montre qu’il n’est non plus pas nécessaire de payer le gros prix pour obtenir une belle expérience à moyen et même long terme.

Une soirée à l’aveuglette!

Mercredi soir dernier, l’idée de tenir une dégustation le vendredi suivant est lancée sur Fouduvin.ca. Visiblement, un thème s’impose: la spontanéité. Ainsi, 48 heures après que l’idée ait été lancée, on se retrouvait autour de la table avec du bon vin en bonne compagnie. Difficile de demander mieux.

Ne voulant pas se casser la tête, l’ordre de service a été fait selon l’ordre d’arrivée des convives et tous les vins ont été servis à l’aveugle, les bouteilles étant joliement enrobées de papier d’aluminium…

Ainsi, dans l’ordre de service, nous avons eu droit à:

  1. Château La Tour de By, Médoc cru bourgeois, 2001
  2. Vina Chocalan, Gran Reserva Blend, 2006
  3. Pinot noir Staete Landt Marlborough 2008
  4. Chateau Lafleur-Gazin, Pomerol, 2004
  5. Château Mont-Redon, Châteauneuf-du-Pape, 2004
  6. En Barberon, Stéphane Tissot, Pinot noir, Côtes du Jura, 2006
  7. Propriedad H. Remondo, Palacio Remondo, Priorat, 2003
  8. Ch. des Charmes Late Harvest Riesling Niagara-on-the-Lake 2007
Alignement lors de la dégustation
Alignement lors de la dégustation

À la fin de la soirée, on a dressé notre top 3 pour le plaisir, pour la forme puisque tous les vins présentés étaient tous très rapprochés en termes de qualité. Le gagnant a été le Château Lafleur-Gazin 2004 qui avait tout pour lui: un beau Bordeaux classique qui commence à se révéler sous son meilleur jour. Une expérience qui va dans le sens des commentaires lus sur ce millésime à prime abord difficile, mais qui a produit des vins tout à fait réussis.

En deuxième place on retrouve le Pinot noir En Barberon 2006, de Stéphane Tissot. À l’aveugle, on savait que c’était du pinot, mais pas bourguignon. Du moins, pas dans le style classique. C’est finalement dans les Côtes du Jura que nous sommes atterris. Parfait pour suprendre des dégustateurs à l’aveugle, qui s’attendent à un pinot mais qui veulent être déroutés.

En dernière place, mais tout de même méritant une mention spéciale, le Vina Chocalan, Gran Reserva Blend, 2006. De manière générale, les dégustateurs étaient sur le Nouveau Monde sans vraiment plus. Ce vin chilien, un assemblage de 31% Cabernet Sauvignon, 27% Carmenère, 18% Syrah, 12% Malbec, 9% Cabernet Franc et 3% Petit Verdot. Un vin beaucoup trop jeune, mais qui possède la structure pour vieillir en beauté. J’aimerais bien revisiter ce vin dans quelques années, ça sera probablement très spectaculaire.

On reprend ça n’importe quand, même à deux jours de préavis!

Era Inzolia 2008

Era Inzolia 2008
Era Inzolia 2008

Avec plus de 350 cépages indigènes, l’Italie regorge d’opportunités pour la découverte. De plus, puisque plusieurs de ces cépages sont cultivés dans le cadre d’appellations moins connues et prestigieuses, les prix sont souvent bien honnêtes. C’est le cas du Era 2008, fait d’Inzolia et offert à la SAQ au prix de 15,45$.

On pense que ce cépage est originaire de l’oeust de la Sicile et c’est dans cette région qu’il est toujours principalement cultivé. On le retrouve aussi en Toscane sous le nom d’Ansonica où une version passerillée est faite à l’île d’Elbe. Il entre aussi dans la production du marsala doré ou ambré.

Le projet ERA est une initiative de la maison piémontaise Cantina Volpi se concentrant sur la viticulture bio, avec les certifications de tous les organismes possibles: I.C.E.A., ISO 9001/2000, BRC et IFS. Les vignobles, répartis un peu partout en Italie (Sicile, Abruzzes, Pouilles, Les Marches, Vénétie), produisent des vins qui sont tous embouteillés à la maison-mère dans le Piedmont. Bien que ça soit moins pire que le Masi Tupungato Paso Doble (vinifié en Argentine, embouteillé en Italie), on est un peu ici en contradiction avec la mission biologique que veut se donner le projet.

Nonobstant ce petit accroc à la mission du projet, ce qu’on retrouve dans la bouteille est de très bonne qualité. La SAQ qualifie ce vin avec la pastille Fruité et Vif et dans ce cas-ci, la description est tout à fait appropriée. Le nez est expressif, avec des notes d’agrumes et de pommes vertes. La bouche est cohérente et est bien équilibrée par l’acidité qui nous accueille en début de bouche. Somme toutes, il ne s’agit pas d’un vin bien complexe, mais rien n’accroche et on en redemande, surtout à ce prix!.

[rating:2/5] – Code SAQ: 11015638 – 15,45$