Je n’aime pas les notes de dégustation

Ça va faire tout étrange pour un blogueur vin, mais je crois que ça doit être dit: je n’aime pas les notes de dégustation.

Oui, elles sont habituellement écrites dans un vocabulaire hermétique qu’il faut apprivoiser. Oui, un vin peut sentir la cardamone, les framboises, les violettes et goûter la vanille à la fois. Oui, elles sont un passage obligé dans le monde du vin, mais bon… elles ne viennent pas me chercher.

Notes de dégustation... au brouillon!

On peut s’entendre que les notes les moins utiles sont celles qu’on retrouve sur le site de la SAQ, qui sont visiblement composée automatiquement d’après certaines caractéristiques cochées dans un formulaire. Par exemple, on retrouve présentement sur le site de la SAQ la note suivante, qui fait référence au millésime 2004 du cabernet sauvignon Alamos (dont le millésime 2011 est présentement sur les tablettes!):

Vin à la robe rubis foncé. Nez puissant exhalant des arômes de framboise et de basilic. Il évoque également des effluves de torréfaction. Découvrez ce rouge montrant une acidité rafraîchissante et doté de tannins soyeux. Sa texture ample précède une finale assez persistante.

Cette note ne donne que des généralités sur le vin et pourraient s’appliquer à plus ou moins n’importe quel vin… Toutefois, les articles de Frédéric Fortin sur le blogue de la SAQ sont tout à fait l’inverse de ces notes automatisées. Bien écrites et pleines de personnalité, elles sont particulièrement agréables à lire.

À l’autre opposé du spectre, on retrouve les notes sur le blogue Brett Happens, qui présente les résultats d’un groupe de dégustation à Montréal, le Mo’ Wine Group. Les notes sont concises, précises et contiennent toujours un petit aperçu sur le producteur et la manière dont est fait le vin et, finalement, un conclusion claire à savoir si le vin mérite d’être racheté. La note de dégustation fait pâlir le commentaire qu’on trouve sur le site de la SAQ (et la majorité des autres notes de dégustation…), surtout lorsqu’on compare pour le même vin, par exemple pour le Stags’ Leap Chardonnay 2011 (la SAQ ici, dans l’onglet Infos Dégustation, Brett Happens ici).

Au final, on doit plutôt se demander pourquoi on consulte des notes de dégustation. Si c’est pour savoir si un vin va nous plaire, je crois que ça rate la cible dans la plupart des cas. Si c’est pour savoir d’avance ce que ça va goûter, je n’y vois pas trop d’intérêt et je préfère le découvrir moi-même!

Je préfère sans l’ombre d’un doute me fier à mes amis et à des sources qu’on sait qui sont compatibles à notre palais. Laissez-vous guider, tentez de remarquer  qui conseille les vins que vous aimez et faites des expériences. Vous deviendrez rapidement de plus en plus autonomes lorsque vient le temps de naviguer dans le monde du vin!

À vos iPhones, Delectable est là

Amateurs de vins et de technologie, soyez bien attentifs, cette application pourrait bien révolutionner la manière dont vous gardez trace des vins que dégustez.

Delectable LogoIl s’agit de Delectable, une application disponible pour les appareils iOS sur le App Store tout à fait gratuitement. Le principe est fort simple: on prend une photo de l’étiquette du vin en y ajoutant un commentaire personnel et une note (représentée par un slider qui va d’un bonhomme heureux à un bonhomme dégoûté) et le désormais classique partage sur Facebook, Twitter et Instagram.

Là où Delectable est spectaculaire est que les vins dans la photo sont automatiquement identifiés après quelques minutes d’analyse. Comment? Je ne sais trop, mais les résultats sont impressionnants. Depuis le début de l’année, la seule erreur qui a été commise est le mauvais millésime sur un frappato sicilien, que j’ai pu signaler et qui fut corrigée rapidement.

DelectableAu dernier Salon des Vins de Québec, exit le cahier de notes, bienvenue à Delectable. J’ai pu prendre des notes directement, sans se soucier à savoir comment épeler correctement le nom d’un obscur producteur allemand pour le retrouver plus tard, ou pour garder une trace des différentes parcelles bourgignones.

Delectable a même réussi à identifier correctement le Riesling 2011 du vignoble de Ste-Pétronille, dont c’est la première année de commercialisation et qu’un nombre très faible de bouteilles a été produit.

On peut aussi suivre ce que d’autres utilisateurs mettent sur Delectable, se monter en quelques clics une wishlist et, pour les utilisateurs aux États-Unis, il est même possible d’acheter le vin directement à partir de l’application. Lorsque connecté à un compte Facebook ou Twitter, Delectable détecte nos amis qui utilisent l’application et nous offre de les ajouter à notre liste de suivi.

Je vous invite sur Delectable (j’y suis inscrit comme Julien Marchand). Suivez-moi et on pourra se monter une belle petite communauté de trippeux de vin et j’ai bien hâte de voir ce qu’il y a dans votre verre!

Je le répète, c’est gratuit (à condition d’avoir un iPhone ou un iPod Touch) et c’est tout simplement génial…

J’cours les concours…

Il y a quelques semaines, on ouvre une bouteille du Rasteau “Tradition” du Domaine Ortas. Il s’agit d’un bon vin généreux, facile à aimer et, surtout, une très bonne affaire pour les 15$ demandés. Sur l’étiquette, on note la mention, bien en évidence “Médaille d’Or – Concours des Grands Vins de France de Mâcon 2009”. Pour le millésime précédent, on y indiquait plutôt en caractères gras que le vin avait reçu 89 points du Wine Spectator. L’année prochaine, il y aura certainement une autre mention, selon ce qui est donné au vin et ce qui paraît bien sur la bouteille.

J’ai aussi participé comme juge aux Prix du Public Desjardins 2012, un concours où les juges sont tirés du grand public. Chaque table devait évaluer 8 vins et leur attribuer une note selon une grille de pointage bien précise, les vins se méritant une médaille selon le score qu’ils y ont obtenu. Au total, 425 vins ont été dégustés et et 128 d’entre eux ont obtenu une médaille, dont 47 médailles d’or. Au dévoilement des lauréats, Vincent Lafortune, un des organisateurs de l’événement, me confiait qu’il n’était pas surpris des résultats obtenus, le palmarès des vins reflétant assez fidèlement les ventes en succursale.

Photo: Pascal MOUISSET – Pascal OLIVIER – 2009

Depuis deux ans, la SAQ organise une opération marketing avec James Suckling, ancien chroniqueur au Wine Spectator parti à son compte. On y met en valeur des vins qui reçoivent la note magique de 90 points ou plus (ou plutôt, est-ce devenu une note de passage…?). Sur l’affichage en succursale, la note donnée au vin est mise en évidence, mais nulle part on ne trouve de description du vin, qui pourrait orienter le consommateur à savoir où il se positionne par rapport à cette note ou même par rapport au critique dans son ensemble.

Ces médailles et distinctions sont de plus en plus mises de l’avant par les producteurs sur leurs bouteilles. Influencent-elles le consommateur dans son choix? Fort probablement. En jetant un coup d’oeil à la grille de sélection des produits à la SAQ, on constate que ce type de reconnaissance compte pour 25% dans l’évaluation des produits de spécialité, un critère même plus important que la qualité du produit…! Il est donc conséquent que ce genre d’affichage publicitaire sur les bouteilles soit de plus en plus mis de l’avant. Un bon exemple de cet habillage publicitaire est le sauvignon blanc de Kim Crawford, qui liste 5 ou 6 grosses notes accordées aux millésimes précédents par la presse spécialisée.

En tant que consommateur, il faut savoir faire la juste part des choses… Est-ce que le concours mentionné est important et crédible? Est-ce qu’une médaille d’argent dans un concours de vin régional a une valeur pour vous?Est-ce que le critique qui donne une grosse note au vin que vous regardez a un palais compatible avec le vôtre? Il faut d’abord se connaître pour ensuite fare un choix éclairé. Par exemple, je sais que les vins australiens ne sont pas ma tasse de thé, même dans les produits plus haut-de-gamme. Ainsi, je choisirai d’abord un vin moins bien noté dans un style que j’apprécie plutôt qu’un vin noté 95 de la vallée de Barossa et en retirerai plus de plaisir!

En tant que blogueur, j’ai fait le choix de ne pas noter les vins que je commente. Je préfère mettre le vin en contexte, donner mes impressions tout en laissant au lecteur le soin d’aller déguster le vin et de se forger leur propre impression. Pour comparer plusieurs vins et établir un classement, la notation est un mal nécessaire. Par contre, lorsque vient le temps de présenter un seul vin, je suis d’avis qu’on peut en faire une bien meilleure évaluation en omettant la note qui attire tant les regards, parfois même au détriment du vin lui-même et du plaisir de le partager entre amis.

Entre connaissance de ses goûts et reconnaissance extérieure, que préférez-vous?