Calendrier de l’avent – Old Westminster Grüner Veltliner Pétillant Naturel 2016

Mon calendrier de l’Avent m’offre l’occasion de revenir sur mon année vinicole, tout au long du mois de décembre. Les vins qui m’ont fait vibrer, tout au long de l’année.

Au mois de juin dernier, Tastecamp se déplaçait dans le comté de Frederick au Maryland pour 3 jours de découvertes des vins, spiritueux, bières produit dans la région. Alors que j’en ai parlé principalement sur les réseaux sociaux, je suis revenu de là significativement moins enchanté que lors de mes visites dans les autres régions couvertes par Tastecamp.

Le Maryland vit un peu dans l’ombre de la Virginie voisine, où on compte 5 à 7 fois plus de vignobles et cherche toujours à se trouver une identité propre à elle. Oui, les assemblages bordelais qu’on y produit sont de bonne qualité, mais ils ne m’ont pas particulièrement marqué. De plus, la présence toute proche de Washington crée une forte demande pour les vins locaux, poussant ainsi les prix à la hausse.

Exception à cette généralisation un peu rapide: le Pétillant Naturel Grüner Veltliner de Old Westminster Winery. Plein de vie, rafraîchissant et aromatique à souhait, il a parfaitement bien lancé la fin de semaine. Et au final, c’est le vin qui m’a le plus marqué lors du weekend. Je ne regrette que son prix de 40$ (US) et sa faible disponibilité (les 100 caisses sont vendues au vignoble ou en ligne).

Drew Baker et son équipe nous ont accueillis dans leur futur vignoble  de Burnt Hill, dont la plantation n’a pas débuté encore, pour discuter de tout le travail préliminaire nécessaire lors de l’implantation d’un vignoble, de l’étude des sols et des microclimats pour trouver quel emplacement sera le mieux adapté à quel cépage. De belles rencontres avec des vignerons passionnés, c’est ce qui rend Tastecamp si intéressant.

Calendrier de l’avent – Scala Dei Priorat 1975

Mon calendrier de l’Avent m’offre l’occasion de revenir sur mon année vinicole, tout au long du mois de décembre. Les vins qui m’ont fait vibrer, tout au long de l’année.

Avoir la chance de déguster un petit morceau de l’histoire d’une région est un réel privilège. J’ai eu cette chance immense lors de mon voyage au Priorat au mois de mai dernier, lors d’un souper avec Ricard Rofés, vigneron chez Cellers ScalaDei, la branche vinicole du monastère au centre de cette petite région catalane.

Ricard Rofés et le Scala Dei 1975
Ricard Rofés et le Scala Dei 1975

En 1975, il n’y avait pas grand-chose au Priorat, la région s’est vidée de ses habitants au profit des grandes villes au cours des décennies précédentes et les vignobles ayant survécu au phylloxera de la fin du XIXe siècle servent à rajouter du punch dans les vins des régions moins ensoleillées… Celler ScalaDei en était à sa deuxième année d’existence (moderne), premier signal de la renaissance de la région avant le gros boum de 1989 – année où est arrivée notamment le Clos Dofí d Alvaro Palacios, Clos Mogador de René Barbier, Clos Martinet, Clos Erasmus et Clos de l’Obac, attirés dans la région notamment par les vins de Scala Dei.

Au niveau vinicole, même M. Rofés affirmait qu’on était tombé sur une bouteille en bonne forme, j’ai préféré les vins du Priorat un peu plus jeunes, alors qu’ils jouent l’équilibriste entre la puissance apportée par l’ensoleillement intense de la région et la profondeur et la finesse apportés par les vieilles vignes plantées sur les abruptes pentes schisteuses.

Ceci dit, déguster un pan de l’histoire de la région qu’on est en train de visiter en compagnie des vignerons qui en ont maintenant la garde, c’est difficile à battre.

Nouvelle-Écosse: Marée montante

C’est une heure au nord-ouest d’Halifax qu’on retrouve la région viticole la plus à l’est de l’Amérique du Nord, la vallée de l’Annapolis. Ce petit coin de la Nouvelle-Écosse émerge sur la scène viticole mondiale depuis quelques années avec des vins blancs et des mousseux de grande qualité.

À marée haute, les vignes ont presque les pieds dans l’eau

Aujourd’hui, une vingtaine de producteurs se concentrent autour de Wolfville, là où la baie de Fundy devient le bassin de Minas. On est ici tout juste à la limite de la zone de maturation des vitis vinifera, les eaux de la baie venant tempérer le climat et allonger un peu la saison, permettant aux vignes de survivre en hiver et de repousser les épisodes de gel tout juste assez pour permettre aux raisins d’arriver à maturité.

Comptant aujourd’hui une vingtaine de producteurs, la région propose une offre particulièrement cohérente, organisée autour des mousseux et des vins blancs produits à partir d’assemblages de vitis vinifera et de cépages hybrides. On y retrouve bien quelques rouges, mais ce n’est pas avec quoi la région cherche à se démarquer.

L’appellation Tidal Bay a ainsi été mise sur pied en 2012 et une douzaine de domaines produisent maintenant un vin dans cette appellation. Ils mettent de l’avant l’acidité et la minéralité qui caractérisent la région, de même qu’un profil aromatique qui va de pair avec les fruits de mer, un choix logique pour un vin d’un climat maritime comme celui de la Nouvelle-Écosse. N’attendez pas un vin totalement sec, par contre, ils possèdent un peu de sucre résiduel qui vient arrondir un peu les angles.

Quelques producteurs à ne pas manquer

Benjamin Bridge est un des domaines qui a propulsé les bulles néo-écossaises sur la scène mondiale. Plantées à partir de 2001, dans la vallée de Gaspareau, légèrement plus chaude au printemps que les vignobles plantés directement à côté de la baie. À la tête de l’équipe, le Québécois Jean-Benoît Deslauriers s’est attiré des compliments d’un peu partout sur la planète, et pour cause.

Il s’agit du seul producteur néo-écossais dont les vins se retrouvent sur les tablettes de la SAQ. Pour une introduction au style de la maison, tentez de mettre la main sur le Brut 2009 ou 2011 ou optez pour la cuvée Réserve 2010 pour le passer en pirate dans une dégustation de champagnes.

En plus de ces cuvées qui font l’orgueil de la maison, près de la moitié de la production est composée du Nova 7; cet assemblage à base de Muscat de New York, Vidal, Ortega et L’Acadie composant 11000 des 22000 caisses produites par le domaine. Légèrement pétillant, peu alcoolisé, très aromatique et avec un taux de sucre important, un peu à la manière d’un moscato d’Asti. Les amateurs de Nivole y trouveront chaussure à leur pied et les autres y prendront goût par une chaude journée l’été prochain.

Chez Lightfoot & Wolfville, on n’a pas lésiné sur les moyens pour accueillir les gens en grand, avec une magnifique salle de dégustation et boutique, donnant sur les vignes et des espaces pour accueillir des événements. La qualité de l’accueil rivalise avec la qualité et l’attention protée aux vins, produits en agriculture biodynamique.

On a pu goûter à des vins pleins de vie, typiquement néo-écossais et vachement bien faits. La production étant encore assez limitée, le meilleur moyen de mettre la main sur ces cuvées est de ce rendre sur place (ou de dire mille mercis à un ami qui va vous ramener une bouteille…!

Chez Blomidon Estate Winery, le sympathique terrenevois d’origine Simon Rafuse a aussi fait des vins mousseux sa priorité. C’est chez eux que se retrouvent parmi les plus vieillies vignes de chardonnay, plantées au début des années 1980. Témoin de la force et de l’influence des marées, à marée haute, les vignes ont presque les pieds dans l’eau alors que celle-ci se retrouve à près de 100 mètres au large à marée basse! La cuvée tirée des vignes de l’Acadie est aussi particulièrement recommendable.

De ce côté de la baie, par rapport à la vallée de Gaspareau ou des environs de Wolfville, le printemps est un peu plus tardif, mais la saison se prolong en automne. “Un avantage” selon Simon Rafuse, “ça nous permet d’avoir des raisins qui mûrissent sans peu du gel sur une base plus régulière. J’échange volontiers une semaine au printemps contre deux à l’automne!”.

Pour s’y rendre

On doit compter une dizaines d’heure de route depuis Québec pour se rendre jusqu’à Wolfville. Selon le degré d’empressement, on pourra choisir de couper la route en deux et de coucher à St-Jean au Nouveau-Brunswick puis de prendre le traversier le lendemain matin. Sur place, planifier quelques jours pour faire le tour sans se prendre la tête, possiblement en combinant avec un saut de puce à Halifax, situé à une heure de route.

Boire catalan

Les images nous provenant de Barcelone et des villes environnantes depuis dimanche dernier ne laissent personne indifférent. Dans ce contexte, je vais m’assurer de mettre les vins catalans tout au haut de ma liste d’achats.

La Plage!
La Plage!

Mestres Cava 1312

La maison Mestres sait comment faire du Cava, c’est de chez eux que vient le terme même Cava, créé en 1928, bien que le domaine cultive des raisins depuis le 14e siècle. La cuvée 1312, dont le nom reprend la date de fondation du domaine, a remporté le prix du meilleur mousseux à moins de 25$ du 6e Jugement de Montréal l’an dernier. Paralleda, Macabeu et Xarel-lo s’y allient pour produire un mousseux aux bulles fines, à la bouche qui conjugue la richesse d’un élevage de 18 mois en bouteilles – le double de l’élevage minimal préconisé par l’appellation – et une fraîcheur exemplaire. Difficile de trouver un meilleur mousseux pour les 20$ demandés.

Mestres Cava 1312 – 13232581 – 20,55$ – Agent au Québec: Symbiose

Cava Mestres 1312 (Photo: SAQ.com)
Cava Mestres 1312 (Photo: SAQ.com)

Albet i Noya Xarel-Lo El Fanio 2016

Le Xarel-lo, en plus d’entrer dans l’élaboration des cavas, donne aussi de (très) bons vins tranquilles pour qui sait s’y attarder. Un nez à la fois floral et fruité, tout en équilibre et en délicatesse. En bouche, on a une bonne ampleur et une longueur qui impressionne. Si vous avez suivi la classification de Bill Zacharkiw dans The Gazette, il s’agit d’un vin qui entre clairement dans la catégorie des vins de texture.

Albet i Noya Xarel-Lo El Fanio 2016 – 12674221 – 21,60$ – Agent au Québec: Vintrinsec

Albet i Noya Xarel-Lo El Fanio 2016 (Photo: SAQ.com)
Albet i Noya Xarel-Lo El Fanio 2016 (Photo: SAQ.com)

J’avais particulièrement aussi aimé les vins blancs du Priorat, avant et pendant mon voyage sur place en mai dernier. Surveillez le retour du Barranc dels Clossos de Mas Igneus sur les tablettes.

Parès Balta Mas Elena 2013

Du côté des rouges, je me tournerai sans hésitation du côté de Parès balta, qu’on connaît principalement pour ses bulles. Le domaine élabore aussi un assemblage bordelais composé de Merlot (50%) cabernet sauvignon et cabernet franc: le Mas Elena. Comme tous les vins du domaine, celui-ci est certifié biologique. Un vin qui mise sur le charme du merlot, avec tout juste ce qu’il faut de barrique pour lui apporter structure et complexité, tout just sous la barre des 20$.

Parès Balta Penedès Mas Elena 2013 – 10985763 – 19,85$ – Agent au Québec: Trialto 

Parès Balta Mas Elena (Photo: SAQ.com)
Parès Balta Mas Elena (Photo: SAQ.com)

Mas Martinet Cami Pesseroles 2012

Pour me gâter sans compter, c’est vers le Priorat que je me tournerais, en tentant de privilégier les vins issus de vignobles ancestraux, avec des vieilles vignes et une part importante de carignan. Le Cami Pesseroles de Mas Martinet fait partie de cette catégorie. Il s’agit d’un vignoble situé sur un ancien chemin reliant Gratallops et Porrera, deux villages en plein coeur de l’appellation. Le vin qui y est tiré par Sara Perez est à l’image de celle qui le fait, direct, sans compromis et transparent. Ce sont les fruits noirs qui dominent, les tanins prennent de la place mais le tout est gardé en équilibre par l’acidité naturelle qu’amène le terroir du Priorat.

Mas Martinet Cami Pesseroles 2012 – 12782097 – 88,00$ – Agent au Québec: Les vins Aldi

Vieille vigne de Carignan sur llicorella
Vieille vigne de Carignan sur llicorella

Du Priorat, hors des rouges

Dans les collines du Priorat, il faut se forcer pour trouver autre chose que du vin rouge. On y vantera volontiers les mérites des vins à base de grenache et carignan élevés sur les sols de llicorella, le reste ayant souvent l’air d’une arrière pensée…. “Ah oui, on fait un peu de blanc aussi! Seriez-vous intéressés à y goûter?” m’a-t’on demandé à plus d’une reprise lors d’Espai Priorat à la fin mai. Pourtant, les blancs du Priorat est parmi ce qui m’a le plus enthousiasmé lors de mon séjour dans la région.

C’est un peu moins de 6% de la superficie totale du vignoble du Priorat qui est planté en cépage blancs. On y retrouve principalement du grenache blanc et du maccabeu, parfois accompagné de Pedro Ximénez. Provenant du champ gauche, on a quelques gens qui cultives du picapoll (oui oui, le cépage connu sous le nom de piquepoul dans le sud de la France) et un peu de chardonnay, qui n’y fait pas très bien.

Au niveau du profil, ils reflètent bien les coteaux ensoleillés d’où ils sont issus. On pourrait les comparer aux blancs du Roussillon, tout juste de l’autre côté des Pyrénées: avec un intense fruité et une présence en bouche large. Ce ne sont pas des vins blancs qui sont construits autour de l’acidité comme on retrouve dans des contrées plus nordiques. Toutefois, la llicorella qui forme la base géologique de la région permet de garder le tout avec une bonne acidité, malgré la chaleur ambiante.

On n’en retrouve que 4 Priorat blancs sur les rayons de la SAQ, dans le meilleur des cas les vins ci-dessus sont disponibles en importation privée. Si vous trouvez un exemplaire du Barranc dels Clossos de Mas Igneus dans une succursale près de chez vous (ils se font rares!), n’hésitez pas, il s’agit d’une belle introduction aux blancs de la région. Le Onix Classic de Vinicola del Priorat m’avait semblé quelque peu générique lorsque dégusté là-bas… Il ne s’agit pas d’un mauvais vin, mais il n’est pas aussi excitant que celui de Mas Igneus. Quant au Nelin de Clos Mogador, il s’agit d’un vin hors normes, composé de près d’une dizaine de cépages, avec un peu de macération pelliculaire, etc. Un très beau vin, mais pas nécessairement représentatif de ce qui se fait dans la région.

Pour ce qui est de mes autres découvertes, le Vi Ranci – un vin oxydatif habituellement à base de grenache, un peu comme les banyuls, et les Vermuts locaux, il faudra se rendre sur place, puisque ceux-ci ne sont à peu près pas exportés. On y est très collé à la notion de terroir, de savoir faire des Hommes qui font ce qu’ils peuvent avec ce que la nature leur offre.

Déguster dans un abbaye millénaire: check.
Déguster dans un abbaye millénaire: check.

Si c’est ce que ça vous prend pour aller visiter le Priorat, sautez dans un avion à destination de Barcelone plus tôt que tard, la région vous le rendra bien.