Trois rosés pour votre table estivale

Domaine du Vieil Aven
Domaine du Vieil Aven – Photo: SAQ.com

L’été est maintenant fermement arrivé, les terrasses sont ouvertes et les ventes de rosé sont à leur sommet. Parfaits pour l’apéro entre amis, on oublie trop souvent que les rosés font aussi des très bons partenaires à table. En voici trois dégustés récemment qui feront bien des heureux autour de votre table, que ce soit cet été, pour amener un peu de soleil cet hiver ou juste pour montrer qu’un bon rosé, c’est autre chose qu’un Gallo…

Le vignoble de Tavel, dans le sud de la Vallée du Rhône, produit uniquement des vins rosés à base des cépages classiques de la région: grenache, mourvèdre, syrah, cinsault, etc. Sur les tablettes de la SAQ, on en retrouve 5, dont le Domaine du Vieil Aven. La robe, d’un rose soutenu, annonce une bonne concentration et son nez de framboises, soutenu par des notes épicées, est aussi retrouvé en bouche. Ce qui en fait un classique, année après année, c’est qu’il sait aussi conserver une bonne fraîcheur. En plus, il est habituellement disponible aux succursales SAQ Dépôt, ce qui le rend d’autant plus intéressant!

Vin gris de Cigare - Photo: SAQ.com
Vin gris de Cigare – Photo: SAQ.com

La Californie sait produire son lot de sirop pour la toux aux framboises, que certains appellent White Zinfandel. Sucrés et sans acidité, je vais prendre un cooler Casal Domingo avant les deux principaux qu’on a au Québec… Et que dire du Ménage à Trois Rosé, un peu plus sucré que sa version rouge… Ceci étant dit, il ne faut pas mettre tous les rosés californiens dans le même chapeau. Le Vin Gris de Cigare de chez Bonny Doon fait bande à part. D’une couleur plus pâle que le Tavel, les notes dominantes sont florales plutôt que fruitées. L’équilibre et la fraîcheur ne sont jamais très loin, ce qui en fait un candidat idéal pour la dégustation l’été prochain, lorsqu’il aura pris un peu plus de maturité. Entretemps, servez-le avec un filet de poisson grillé sur le barbecue lors d’une jolie soirée d’été!

Cape Bleue - Photo: SAQ.com
Cape Bleue – Photo: SAQ.com

Jean-Luc Colombo est un vigneron réputé du nord de la vallée du Rhône, dont la réputation est bâtie sur ses crus de Cornas (que je n’ai jamais goûté…). On retrouve sur les tablettes depuis le début de l’été un rosé qui porte sa griffe. Les images font rêver: des vignes faisant face à la Méditerranée, non loin de Marseille, des oliviers et de la garrigue et le calcaire blanc qui contraste avec le bleu de la mer. Syrah et mourvèdre s’allient ici pour donner le Cape Bleue 2013: un vin qui tire seulement 12% d’alcool, qui a une couleur qui tire plutôt sur le saumon, avec des notes classiques de framboises et de cerises, mais aussi ce côté olive noire et garrigue qu’on retrouve dans la syrah de cette partie du monde. Amenez-le ainsi qu’un peu de beau temps, je grillerai un poulet sur le barbecue pour l’accompagner.

Le printemps grec

Lorsqu’un amateur de vin parle d’un pays producteur qui l’enthousiasme, la Grèce vient rarement en tête de liste. Au mieux, vous tombez sur quelqu’un comme moi, qui n’hésite pas à recommander un vin grec lorsqu’un collègue demande conseil le vendredi après-midi (ne serait-ce que pour les sortir de leur zone de confort…).

Ainsi, lorsque l’agence Oenopole m’a contacté pour m’inviter à une soirée dégustation autour des vins grecs, je n’ai pas hésité une seconde. Il faut savoir que cette agence d’importation est à l’avant-poste de la mise en disponibilité des vins de la péninsule hellénique au Québec et ces vins composent environ 25% de leur portfolio! J’avais eu quelques bonnes expériences avec leurs produits, mais je ne pouvais pas m’attendre à une soirée du niveau de celle que nous avons eu.

Orientée sur la découverte des terroirs et des cépages grecs, habituellement méconnus, entre autres à cause de leurs noms intimidants… Ainsi, on a pu se familiariser entre autres avec le moschofilero, le rodvitis, l’assyrtiko et le xinomavro, pour notre plus grand plaisir gustatif. De plus, on a pu constater tout leur potentiel à table avec les (brillants!) accords d’Olivier Godbout.

Comptant pour près de 75% de toute la production grecque, les vins blancs ont tout naturellement pris les devants. On retrouve dans les blancs grecs une tension particulière et une acidité vive, ce qui peut surprendre compte tenu de l’ensoleillement qui orne les couvertures des magazines de voyage… Le sol escarpé, pauvre et bien souvent volcanique, la présence rafraîchissante de la mer, traditions millénaires de vinification. Tout est en place, il ne reste qu’à convaincre le consommateur d’y goûter!

Avec un duo de calmars grillés au paprika fumé et de crevettes épicées à l’ail, trois blancs aromatiques qui feront un malheur lors de l’ouverture de votre terrasse, maintenant que le soleil daigne se pointer le bout du nez. Le Savatiano 2013 de Papagiannakos, correct sans être spectaculaire lorsque servi seul s’est révélé lorsque accompagné du calmar grillé. Quant au moschofilero Mantinia 2013 du domaine Tselepos, il a su allier avec brio l’intensité des fruits exotiques avec un côté droit et salin qui a fait des merveilles avec les crevettes.

On a ensuite pu goûter à deux vins provenant de l’île de Santorini, un caillou volcanique du sud-est de la mer Égée. À cause de la composition du sol, le phylloxera n’a jamais pu s’y implanter et toutes les vignes sont franches de pied! L’assyrtiko y est roi et maître, et est parfois assemblé avec du l’athiri et de l’aidani…

Vignoble de Santorini
Vignoble de Santorini

On a retrouvé dans cette vague les deux stars de la soirée. Le Atlantis 2013 du Domaine Argyros, du haut de ses 18,65$, sera certainement en grandes quantités en cave pour les chaudes soirées d’été, avec ses notes de fruits exotiques et son acidité vive qui garde le tout en équilibre. Quant au Santorini 2012 de Hatzidakis, il était une grosse coche au-dessus de tout le reste. On se demande comment il est possible d’embouteiller autant de qualité pour que 23.55$. Au moment d’écrire ces lignes, il ne reste que 119 bouteilles, réparties dans une poignée de succursales. Habitants de Baie-St-Paul, Rosemère et Sorel, courez vers votre SAQ, vous ne le regretterez pas.

En rouge, c’est le Naoussa Jeunes Vignes du Domaine Thymiopoulos qui a retenu les papilles. On est ici assez proche du Piedmont que j’aime tant, avec un nez complexe de fraises, de poivre et de violettes, avec des tanins fins, mais qui ne laissent pas leur place. Confortablement sous la barre des 20$, il s’agit d’un rapport qualité-prix difficile à battre, qui saura aussi vieillir en beauté dans votre cave pour quelques années, si vous réussissez à ne pas toutes les boires d’ici-là!

Et non, on n’a pas bu de la Restina pendant toute la soirée, contrairement à ce que certains auraient pu penser! Quoique je n’aurais pas dit à un petit ouzo comme point d’orgue à cette soirée particulièrement spéciale…

Merci encore à Élisabeth Lebel d’Oenopole pour l’invitation, à Théo Diamantis pour avoir animé la soirée d’une main de maître et au Cercle de s’être donné à fond dans les accords mets et vins. Les photos de la soirée sont de mon amie Caroline Décoste qui a joué au photographe pendant que mes batteries étaient à plat.  

 

La dure vie de chroniqueur vin

Dans la tête de plusieurs, le travail de chroniqueur en vin est plutôt glamour et consiste en passer de dégustation en dégustation, surfant d’un grand cru à un autre. La réalité est toutefois plus mitigée: les coups de coeur sont souvent beaucoup plus espacés que les écrits peuvent le montrer…

Puisque c’est toujours plus agréable de faire ça bien entouré, mon ami Rémy Charest a invité quelques amis pour partager les impressions, les bouteilles et une agréable soirée!

Sur la table, 10 blancs, 1 rosé et 12 rouges, tous servis à l’aveugle. pas de thématique dans l’agencement des vins,  à part le fait qu’il s’agit d’échantillons envoyés par des agences d’importation pour des fins d’évaluation. La majorité était disponible à la SAQ, mais certaines bouteilles se retrouvaient uniquement ailleurs au pays. Bref, il y avait un peu de tout!

Échantillons prêts pour la dégustation
Échantillons prêts pour la dégustation

En blanc, peu de vins étaient dans ma palette, mais la dégustation à l’aveugle nous réserve toujours quelques surprises. Agréable surprise pour le pinot gris de Kim Crawford, loin de la caricature qu’offre son sauvignon blanc: balancé, bien aromatique et droit. Même son de cloche du côté du gewürztraminer de Sumac Ridge, un cépage qui me laisse particulièrement indifférent habituellement, le trouvant souvent un peu “guidoune”. Dans ce cas-ci, pas d’excès de fleurs ou de savon

CMS Cabernet Sauvignon/Merlot
CMS Cabernet Sauvignon/Merlot

Du côté des déceptions, le Blanc 2013 de Chartier, décidément moins bien réussi que le 2012 que j’avais bien aimé. Était-il encore sous le choc de l’embouteillage? Aussi, le chasselas-pinot blanc de Quail’s Gate nous a laissé sur notre soif, manquant de prestance et d’acidité. Finalement, les Jardins de Bouscassé en a déçu plusieurs, puisque M. Brumont fait habituellement des très belles choses. Dans ce cas-ci, le nez était particulièrement désagréable (mouffette? sac de vidanges?), qui ne donne pas du tout le goût d’y retourner.

Du côté des trucs franchement moches, le Dreaming Tree Everyday, un mélange hétéroclite de raisins provenant de la Central Coast de la Californie. J’ai particulièrement fait le saut lorsque j’ai vu le prix demandé de 17.95$. Un vin un peu mou, avec un sucre résiduel assez important (il est classifié comme demi-sec!) qui plaira aux amateurs de Ménage à Trois.

En rouge, on a eu droit à quelques belles surprises, notamment le pinot noir de Baron Philippe de Rothschild, frais, épicé et particulièrement digeste et au CMS Cabernet Sauvignon/Merlot/Syrah qui a su ressortir à la fin d’une série de 7 cabernets bien modernes qui ont achevé plusieurs des amateurs autour de la table… Dans les deux cas, ils seront sur ma liste d’achat à l’avenir.

On ne pourrait dire la même chose du Red Revolution, un des nouveaux vins à bas prix introduits par la SAQ récemment. Sous un format de 750 ml, on a un liquide boisé, vanillé et sucré à l’excès, qui a su faire l’unanimité autour de la table. Le Cliff 79 Cabernet/Shiraz qui le suivait passait pour un modèle de retenue et de délicatesse, c’est pour dire… Si c’est pour ça la campagne de ramener les vins à moins de 10$ sur les tablettes de la SAQ, je suis plutôt d’avis que la SAQ devrait chercher à étoffer sa catégorie autour de 15$ plutôt que de sacrifier à ce point…

Bref, au sortir de cette soirée des plus agréables, un constat s’impose: le métier de chroniqueur vin n’est pas nécessairement facile et on en voit passer de toutes les couleurs, autant des jolies nuances colorées que plusieurs tons de beige et de brun. La dégustation objective de 23 vins consécutives est une tâche difficile qui demande une bonne dose de concentration et un bon crachoir à portée de main!

Trois rouges à avoir sous la main

La semaine dernière, David Pelletier, qui porte avec brio le chapeau du Sommelier Fou, jasait de manières de regarnir sa cave à vin après une période des Fêtes qui est souvent éprouvante. Il n’est certainement pas le seul à avoir quelques étagères vides après cette période de festivités éprouvante pour toutes les caves…

Voici donc, en vrac, quelques commentaires sur des vins dégustés récemment qui pourront certainement remplir sa section du lundi-au-jeudi de même que la section de moyenne garde de la cave. Sous la barre des 20$ (ou tout près), il feront certainement l’affaire de plusieurs!

Évidemment, ces suggestions sont, comme toujours, sensibles aux goûts personnels, les miens dans ce cas-ci! Pour ceux qui ne les connaissent pas encore, je vous invite à parcourir les archives du carnet de dégustation

Librandi Duca San Felice 2009Du sud de l’Italie, plus précisément de la Calabre (les orteils de la botte), le Duca San Felice 2009 de Librandi est une véritable aubaine. Pour la modique somme de 18,85$ (et même un peu moins si vous parvenez à le trouver en solde comme moi), vous découvrirez le gaglioppo, un cépage italien méconnu qui ne manque pourtant pas de caractère. Cousin du nerello mascalese et du frappato, il nous montre que les vins sudistes ne sont pas dépouvrus d’élégance et de finesse, en plus d’être des formidables vins de bouffe. L’étiquette n’est pas des plus jolies, mais ne vous laissez pas intimider, la beauté est dans le verre.

Toujours dans le registre ensoleillé, on pourrait aussi se tourner vers l’Espagne, plus précisément vers le cépage mencia, qui fait des miracles dans le Bierzo. Dans la Galice voisine, le Mencia 2011 de Gaba do Xil, qui se détaille à 18,00$ mérite toute notre attention. Si vous ne connaissez pas ce cépage, il s’agit d’une belle introduction. À mi-chemin entre la générosité du Nouveau Monde et la fraîcheur et la minéralité, il saura plaire à un large public. Servez-le avec une pizza ou un plat contenant du chorizo et invitez-moi à souper, j’arriverai rapidement!

Les amateurs de Bordeaux à la recherche d’un joli vin à boire maintenant sans avoir à débourser une fortune se tourneront vers le Château La Raz Caman. Le millésime 2008 est présentement annoncé sur le site de la SAQ pour la somme de 20,70$, mais vous trouverez peut-être quelques bouteilles de 2007 au travers. Celui-ci est prêt à boire et offre beaucoup de plaisir dès maintenant, “grâce” au millésime très moyen qu’est 2007 à Bordeaux.

Les vignerons du Brulhois: Vin Noir et soleil

C’est à l’invitation de l’agence La Fontaine Vins et Liqueurs, que j’ai pu rencontrer Isabelle Mignot, des Vignerons du Brulhois. Par cette froide soirée de janvier, la chaleur du Sud-Ouest était tout à fait bienvenue.

À peu près entre mi-chemin entre Bordeaux et Toulouse, on y fait du vin depuis l’époque gallo-romaine, mais surtout depuis le Moyen-Âge, où la région exporte vers l’Angleterre via la Garonne.  Ravagé par le phylloxera, la région se relève depuis une trentaine d’années, jusqu’à la déclaration d’AOC en 2011. Aujourd’hui, une quarantaine de viticulteurs cultivent les 200 hectares de l’appellation, dont presque 90% sont membres de la cave coopérative des Vignerons du Brulhois.

Les temps sont assez durs pour les vignerons français, particulièrement dans les régions qui ne sont pas traditionnellement présentes sur les marchés d’exportation comme le Sud-Ouest. Les vignerons du Brulhois doivent en bonne partie leur vigueur économique au succès commercial du Grain d’Amour, un rosé demi-doux à base de muscat de Hambourg. Très floral avec une légère amertume qui invite à en reprendre une autre gorgée, on a soudainement le goût d’être en été, sur le bord de la piscine…!

Vignoble du Brulhois (Source: http://www.vigneronsdubrulhois.com/)
Vignoble du Brulhois (Source: http://www.vigneronsdubrulhois.com/)

La gamme du Carrelot des Amants est présente au répertoire général de la SAQ et offre un rapport qualité-prix indéniable, tout particulièrement le rouge dont le millésime 2011 est sur les tablettes. Cet assemblage de tannat, cabernet franc (35% chacun), merlot (20%) et autres curiosités comme le fer servadou et l’abrouiou montre une jolie structure tannique et une fraîcheur qui manque trop souvent dans les vins de cette gamme de prix. Pour 12,75$ (et 11,50$ en solde du 6 au 23 février), je vais certainement en faire provision pour les soupers entre amis!

La star de la soirée fut sans contredit le Vin Noir, un assemblage à parts égales de tannat, merlot et cabernet franc, cultivés sur les meilleurs terroirs de l’appellation. Il tire son nom de la couleur que lui impartit le tannat et le terroir de graves riches en oxyde de fer. Dans le verre, on est sur les fruits noirs, la réglisse avec des notes à la fois animales et minérales. La structure est définitivement en place pour faire vieillir le vin en beauté, comme on a pu le constater avec un 2003 en magnum tiré de la cave du restaurant. Les tannins sont encore présents, plus arrondis et enrobés mais le vin avait perdu de son lustre éclatant et gagné en noblesse. Un vin arrivé à son apogée qui, pour moins de 18$, mérite une place de choix en cave pour causer bien des surprises dans quelques années.

Isabelle Mignot, des Vignerons du Brulhois
Isabelle Mignot, des Vignerons du Brulhois, avec mes deux coups de coeur de la soirée

L’autre vin de la coopérative disponible à la SAQ est le Château Grand Chêne 2009, un assemblage à majorité de tannat qui, contrairement aux vins ci-dessus, effectue un court passage en barriques, ce qui le rend plus rond et définitivement plus approchable. Bien que très bien fait, j’ai trouvé qu’il était moins distinctif que le Vin Noir et, pour un prix équivalent, j’aurai tendance à le privilégier.

C’est lors de ce genre de soirées où on arrive sans trop d’attentes qu’on fait les plus belles découvertes. En plus du bon vin, j’y ai fait la rencontre de passionnés de vin, de terroirs et surtout des humains qui mettent le tout ensemble.

Merci encore à La Fontaine Vins et Liqueurs, qui m’a invité pour la soirée et défrayé le coût des vins et du repas.