Le 29 février est une date à mettre sur son calendrier. Oui, cette date revient une fois par 4 ans, mais ce n’est pas la raison. Montréal sera alors l’hôte de la Renaissance des Appellations, un groupe de vignerons biodynamiques mené par Nicolas Joly. De ce groupe de près de 175 vignerons, 58 producteurs seront en ville pour faire découvrir leurs vins.
La biodynamie, présentée comme une alternative crédible à l’agriculture moderne par ses défenseurs, mais plutôt comme des principes ésotériques par ses détracteurs ne laisse personne indifférent. Ce principe ne s’applique pas qu’au vin, mais à toute forme d’agriculture. En 2010, le site New York Cork Report a publié une très bonne série d’articles sur la biodynamie, d’un point de vue d’un scientifique cherchant à comprendre. Difficile de parler de biodynamie sans tomber dans la controverse…
Si vous voulez bien investir une heure de votre journée, je vous recommande de visionner l’interview que Gary Vaynerchuk a mené avec Nicolas Joly dans le cade de Wine Library TV. Visiblement, le personnage ne manque pas de charisme, tout comme ses vins.
Parmi les vignerons présents à Montréal, on note les noms d’Ostertag et Zind Humbrecht en Alsace, Champagne Fleury, André et Mireille Tissot du Jura et de Montirius. La Loire est bien représentée, avec La Coulée de Serrant, Olivier Cousin et le Domaine de l’Écu, qui fait un muscadet incroyable. Parmi les autres, des belles découvertes m’attendent certainement.
La dégustation de la Renaissance des Appellations est ouverte au public, de 17h30 à 21h00. On doit s’inscrire à l’avance, pour la modique somme de 38$. Difficile de résister…!
Au bureau, on sait que la fin de semaine arrive bientôt quand, vers 15h, quelqu’un arrive dans mon bureau avec une question classique: Quel vin me suggères-tu pour la fin de semaine?
Mine de rien, c’est une question difficile, qui peut générer quelques déceptions si on ne connaît pas les goûts de celui à qui on demande conseil. Un Savagnin du Jura que j’adore ne sera pas nécessairement apprécié par certains collègues au palais plus attirés vers les vins du Nouveau Monde. C’est pourquoi je trouve dommage la mise en valeur d’un vin par son seul score, comme on retrouve présentement avec la promotion James Suckling à la SAQ.
En cette ère 2.0, les conseils des professionnels se mêlent avec ceux d’amateurs passionnés, d’amis et de personnes qui s’improvisent connaisseurs. Afin de mettre un peu d’ordre dans toutes ces recommandations, voici quelques sources qui m’ont fait découvrir de belles bouteilles.
Le Cave à Vins sur Fouduvin.ca
Si vous ne connaissez pas le forum Fouduvin.ca, vous manquez une belle partie du web vinicole québécois. Ce forum de discussion sur le vin compte près de 3500 membres tous aussi passionnés les uns que les autres. Comme avec toute communauté, des liens se forment au fil des interactions et des dégustations.
J’aime particulièrement les recommandations du Cave à Vins. Fan fini de nebbiolo, de Loire et de vins un peu étranges, il sait trouver des perles rares qui sortent tout en finesse des sentiers battus. Il fait vieillir du muscadet biodynamique pour nous le ressortir dans quelques années à l’aveugle et n’a pas peur de sortir un Beaujolais nature lorsque le besoin s’en fait sentir.
Le vin qu’il m’a fait découvrir: Toute la gamme de Mastroberardino. Il a apporté un Riserva Centotrenta 1999 à une dégustation à la maison et a découvert le Radici 1999 que j’avais apporté dans une dégustation à l’aveugle. Dans les deux cas, j’ai grandement été impressionné par la qualité de ce que cette maison peut produire.
Rémy Charest
Au Québec, lorsqu’on met dans la même phrase les mots vin, blog, québec, il est fort probable qu’on croise le chemin de Rémy. Les lecteurs reconnaîtront probablement son nom puisque j’ai commenté à quelques reprises des vins qu’il a importé au Québec. Amateur de vin naturels dans la mesure du possible, ou du moins fait dans le plus grand respect du produit et du terroir, on peut le lire sur À Chacun sa Bouteille et The Wine Case, ses blogs vin, mais aussi sur Palate Press et sur Twitter.
Si vous n’avez pas encore lu Natural wine: it’s complicated, naturally, je vous incite à le faire à l’instant. Publié au printemps 2010, cet article reste selon moi une superbe mise au point sur le monde du vin naturel.
Rémy Charest
Le vin qu’il m’a fait découvrir: J’ai l’embarras du choix ici… J’opterai toutefois pour La Petite Arvine de René Favre et fils. Un cépage typiquement suisse, salin, avec une acidité vivifiante et à des lieux des vins préformattés que l’on goûte trop souvent. Un vrai goût de terroir et de savoir-faire passé depuis plusieurs générations.
Eric Asimov
Il est chroniqueur vin au New York Times. Il est le neveu d’Isaac Asimov. Tout geek amateur de vin devrait déjà être interpellé. Toutefois, regardant de plus près, on remarque que M. Asimov aime les vins bien équilibrés, respectant le terroir et les gens qui les font. Il est difficile de mieux résumer sa pensée que dans sa présentation sur le site du Times:
From grape to glass, wine is a wonderfully expansive topic. It hurts me to see it reduced so often to tasting notes, those comically over-specific efforts to capture aromas and flavors in a phrase. If you want to know whether a wine smells more like guava or jackfruit, I’m afraid I’m not your guy. Frankly, wine is greater and more interesting than that.
Eric Asimov - Photo: Tom Wark's Fermentation
Le vin qu’il m’a fait découvrir: Fleurie Poncié 2009 du Domaine de Vissoux. Dans une entrevue au magazine Cellier, il a déclaré qu’un beau Fleurie du Domaine de Vissoux, c’est de l’émotion pure. Intrigué, j’ai poussé plus loin et y ai découvert un Beaujolais à des lieues de l’idée que des gens s’en font habituellement. Un vin de soif profond et complexe,c ‘est le meilleur des deux mondes. Encore hier nous sommes tombés sous le charme.
En août dernier, Frédéric Fortin sur le blogue de la SAQ, nommait le Pinot Noir Cloudline 2008 comme son coup de coeur du blogueur.
Le nez est d’une très belle complexité. Les arômes de cerises noires et de petits fruits rouges prédominent d’abord, pour ensuite laisser la place à des notes de muscade et de cannelle. Des effluves de cuir et une pointe vanillée se révèlent finalement et témoignent du passage en barrique.
Pinot Noir Cloudline 2008 – Au moins, l’étiquette est jolie.
Suite à cet article, Le Sommelier Fou encense aussi ce vin, en concluant sa note de dégustation par Ici, l’influence de l’homme sur le terroir est claire. Un bourguignon typique, fait en Oregon.
Avec ces commentaires aussi positifs venant de dégustateurs que j’aime bien, j’ai difficilement pu résister lors que je cherchais un pinot pour accompagner la bavette de boeuf à la cannelle tirée de Papilles.
Toutefois, déception… Le nez est tout d’abord sur le fruit, mais celui-ci laisse sa place rapidement à des notes plus typiques de l’intervention humaine que la pureté que j’aime tant du pinot. J’y ai retrouvé des arômes de gomme balloune et de confiture de fraise un peu chimique et industrielle. En bouche, ça s’améliore un peu, puisque l’acidité est bien présente et les tanins sont aimables, même si la finale tombe un peu rapidement. J’ai une certaine difficulté à passer au-delà de ce nez chimique et un peu bonbon, gâchant un peu le plaisir de ce vin.
Si vous êtes à Québec et que vous voulez vous faire votre propre opinion, il en reste 86 à la SAQ sélection de Lévis et 33 à la SAQ de L’Ormière. Sinon, il en reste 25 réparties dans le reste de la province… Même s’il n’est qu’à 20$, je vais vous laisser certainement toutes les autres, ce pinot-là n’est pas du tout dans mes cordes.
Cette semaine, je renoue avec un événement vini-virutel auquel je n’ai pas participé depuis un certain temps: les Vendredis du Vin. À chaque dernier vendredi de chaque mois, des blogueurs partagent des notes de dégustation de vins et des découvertes, sur un thème sélectionné par le blogueur-président du mois. J’ai même agit comme président pour l’édition 21, qui invitait les blogueurs à découvrir un vin d’un pays plutôt méconnu, vous pouvez même vous replonger dans la synthèse, présentée directement sur la carte.
Ce mois-ci, le président du mois, Guillaume Nicolas-Brion du Blog Du Morgon dans les veines nous invite à partir en voyage et redécouvrir un vin qui nous a charmé lors d’un voyage. Encore le thème du voyage et de la découverte, décidément, on ne s’en lasse pas!
Juillet 2009. Notre parcours de vacances nous amène dans le nord de l’Italie, dans le petit village de Sinio, tout juste à l’extérieur de l’appellation de Barolo. Pour deux jours, visites de producteurs, balades dans les vignes et quelques bouffes mémorables. Le soir, hébergement au Pilone Votivo, agriturismo d’Enzo Boglietti, un producteur piémontais que je ne connaissais pas avant notre visite.
Il Pilone Votivo
La journée de notre départ, on rend visite au domaine. Les installations sont modernes, la maison dans laquelle nous sommes reçus semble être tirée d’un magazine de décoration italien. Nous avons la chance de goûter plusieurs vins du portfolio, dont ses crus Fossati, Case Nere et Brunate. Coup de coeur pour le Fossati, qui était encore un bébé dans le millésime 2005 alors que le millésime 2001 montrait toutes les qualités d’un beau Barolo en jeunesse. Allez, hop! Un Fossati 2005 fait le saut au Québec, où elle dormait patiemment depuis ce temps.
Enzo Boglietti Fossati 2005
Samedi dernier, dans le cadre d’une sympathique dégustation entre amis de Fouduvin.ca, je décide que ce Barolo sera notre offrande. À l’ouverture, le nez est déjà expressif mais la bouche est extrêmement compacte et les tanins sont sévères. Un tour en carafe de près de trois heures a su l’assouplir. Le nez est toujours puissant et complexe: fruits en abondances, tabac, caramel, romarin avec une pointe d’épices. On retrouve une bouche toujours droite et une finale d’une longueur impressionnante. Servi à l’aveugle dans un alignement de haut niveau, le charme opère encore.
Le nez dans le verre, je sens les collines des Langhe, la chaleur du Pilone Votivo et le plaisir d’être en voyage dans une région merveilleuse.
Dehors, il fait froid. Les journées n’ont pas commencé à allonger de manière notable. Les Fêtes sont passées et on cherche à faire un peu plus attention à soi. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le mois de janvier au Québec, vous pouvez peut-être vous imaginer la scène.
Pour ceux qui sont pris là-dedans pour encore une semaine, le remède idéal est un peu de soleil et de fraîcheur dans le verre. De plus, comme le compte de carte de crédit de Noël vient tout juste de passer, une certaine frugalité est de mise. Solution: Albariño.
L’albariño est un cépage indigène du nord-ouest de l’Espagne, que l’on retrouve principalement dans la région de la Galice et un peu au Portugal sous le nom d’Alvarinho. Il est particulièrement à l’aise au sein de la DO (Denominacion de Origen) Rias Baixas, où les vins y sont habituellement plutôt légers en alcool (11-12%), avec un acidité bien présente.
Bien que la presque la moitié de la production de Rias Baixas soit exportée aux États-Unis, on trouve quelques exemples d’Albarino à la SAQ. Dégusté récemment, le Burgans 2010 de Martin Codax a tout a fait réussi sa mission d’amener un peu d’été dans notre verre. Le Pazo de Senorans est tout à fait recommandable, mais il est un peu plus cher et (de mémoire), un peu plus costaud que le Codax.
Mon préféré est toutefois le Terras Gauda O Rosal, admirable de fraîcheur et débordant de saveur. À 23$ et présentement disponible en bonne quantité un peu partout dans le réseau, c’est un superbe achat, pour en ouvrir dès maintenant et jusqu’à la fin de l’été.
Note: Cet avis est aussi bon au mois de février. Ou même en juillet pour agrémenter un bel apéro sur la terrasse.