Mes vins signifiants: Heart and Hands

Tastecamp, c’est un événement annuel regroupant blogueurs vins et journalistes qui vise à faire découvrir une région peu connue du grand public en rencontrant et en goûtant autant que possible pendant trois jours. Un sprint de dégustations et de rencontres, qui permet de se forger une bonne idée du potentiel de la région visitée.

En 2011, lors de ma première présence à Tastecamp, le groupe a investi la région des Finger Lakes, dans l’état de New York, au sud du lac Ontario. Je me souviens avec plaisir de plusieurs dégustations, mais ce fût la dernière visite qui était de loin la plus marquante.

Heart and HandsSitué un peu à l’écart du cœur de la région, Tom et Susan Higgins ont établi leur vignoble sur la rive est du lac Cayuga à cause de l’affleurement de calcaire qui compose le sous-sol de la propriété. Leur objectif était clair : faire du pinot noir de classe mondiale.

Ils nous ont reçu dans la cave, porté un toast avec un mousseux fabuleux, puis mené une dégustation de tout leur portfolio, nous montrant clairement que leur objectif était en voie d’être atteint. Leur pinot, tant la cuvée d’entrée de gamme que le Barrel Reserve, ne veulent pas imiter ce qui se fait en Bourgogne et ne présentent pas ce profil racoleur qu’on retrouve souvent dans les pinots californiens. Bref, un vin typiquement newyorkais.

On est évidemment repartis avec quelques bouteilles, ouvertes soigneusement en bonne compagnie. Lors de la dégustation Nouveau Monde des Vinssignifiants, le Pinot Noir 2009 (la cuvée d’entrée de gamme!) a fait sensation. C’est en accueillant le printemps avec une bouchée d’esturgeon fumé que la bouteille de brut rosé s’est frayé une chemin sur l’étagère des vins signifiants. Quant au Blanc de Noirs 2008 qui nous avait été servi en apéro sur place, on s’en est fait expédier à notre hôtel lors de notre passage à New York en décembre dernier…!

Chaque bouteille de chez Heart and Hands est spéciale pour moi, nous ramène dans les Finger Lakes, dans la douce chaleur du mois de mai et dans la bonne humeur de Tom et Susan. Je suis d’ailleurs dû pour y retourner!

Prince Edward County

Situé à peine à peu près à mi-chemin entre Montréal et Toronto, le Comté de Prince Edward est en train de se faire un nom pour sa production vinicole. Principalement connu par les touristes pour la beauté de la plage de Sandbanks, une quarantaine de vignobles ont fait leur apparition depuis une quinzaine d’années. Leur plus grand atout: un sol argilo-calcaire et un climat idéal: un îlot de chaleur tempéré par la présence du lac Ontario. Reconnu par une appellation VQA en 2007, Prince Edward County est une des régions vinicoles les plus prometteuses au Canada.

Quelques vignobles à visiter

La majorité des vignobles est concentrée dans la partie ouest du County, autour de la petite bourgade de Hillier. On est rarement à plus de dix minutes d’un vignoble d’intérêt, alors pourquoi s’en priver!

Note: Il n’y a présentement pas de vins de Prince Edward County disponible sur les tablettes de la SAQ. Quelques cuvées de Norman Hardie se sont déjà frayées un chemin, mais elles sont toutes épuisées.

Grange of Prince Edward

Chez Grange of Prince Edward, on a eu la chance de se joindre à un groupe d’étudiants en sommellerie, en voyage de fin d’études avec mon ami (et leur professeur) Kler-Yann Bouteiller. On a ainsi eu la chance d’avoir une visite de près de deux heures, menée de main de maître par Maggie Belcastro, qui est impliquée dans les opérations du domaine en équipe avec sa mère Caroline Granger depuis près de 5 ans.

Dans les vignes, elle nous parle de son amour pour le gamay, qui pousse comme un charme dans le County et qui reste malheureusement un peu trop méconnu auprès des consommateurs, de son attachement pour la région et son sol si particulier. Elle fait aussi l’éloge de prendre son temps et de savoir où on s’en va; ici, les élevages sont (très) longs et le vin tient bon à cause de sa grande acidité naturelle. Lors de la dégustation, elle mentionne l’importance pour le domaine d’avoir plusieurs gammes de produits et de ne pas négliger l’entrée de gamme – qui se vend 15$ sur les tablettes de la LCBO – au profit d’une grosse cuvée dans les années où la nature est moins généreuse.

Bref, c’est sous le charme que je suis reparti avec 3 bouteilles de Gamay Select 2011, qui fut le produit s’étant le plus démarqué de tout ce qu’on a goûté cet après-midi là. Bonne nouvelle: on pourra se procurer le Cabernet Franc Select sur les tablettes de la SAQ au mois d’octobre prochain.

Les vins de Grange of Prince Edward sont disponibles en IP via Bambara Selection. 

Norman Hardie

Norman Hardie est un des vignerons les plus en vue de la région. Formé en Bourgogne et établi dans le County depuis 2003 après avoir vinifié en Afrique du sud, en Nouvelle-Zélande, en Californie et en Bourgogne.

Norman Hardie County Cabernet Franc
Norman Hardie County Cabernet Franc

On y produit des cuvées venant du County et certaines autres du Niagara, mais les fruits ne sont jamais assemblés puisqu’il cherche à démontrer le terroir particulier de chaque site (à l’exception de la “Cuvée L”, une sélection des meilleurs fruits dans les meilleures années). Le chardonnay du County, élevé dans 12.5% de fûts neufs, allie avec précision minéralité et générosité. Le vin que j’ai préféré reste toutefois le Cabernet Franc, un coupe-soif assez efficace. Couplé avec une pizza tirée du four à bois du domaine, c’est tout simplement génial.

The Old Third

Ce domaine dont le premier millésime date de 2008 a un objectif clair: faire le meilleur pinot noir possible. Pour arriver à cet objectif, Bruno François et Jens Korberg ne ménagent aucun effort. Leur vignoble est très densément planté afin que la vigne se concentre sur les fruits plutôt que de faire pousser de la végétation inutilement, toutes les opérations sont faites manuellement et un soin particulier est pris

Le pinot noir est d’une profondeur remarquable et rivalise de complexité avec ce qui se fait de mieux sur l’échelle mondiale. Le millésime 2013 présentement en vente méritera quelques années de garde afin de révéler tout son potentiel. Une cuvée de Cabernet Franc est aussi en barrique et se montre particulièrement prometteuse. Frais et gourmand sans tomber dans les notes de verdeur qu’on retrouve parfois dans les vins issus de ce cépage, on voudra mettre quelques quilles de côté pour avoir beaucoup de plaisir dans 3-5 ans.

The Old Third produit aussi un cidre fait entièrement de pommes Golden Russet. Autant celui de Hinterland est frais et rafraîchissant, autant celui-ci est complexe et long en bouche. Une grande réussite! Les autres bulles produites sont tout aussi spectaculaires, un blanc de noirs qui a passé 36 mois de vieillissement sur lies et qui sera dégorgé sous peu. Encore une fois, finesse, longueur et complexité sont les mots d’ordre.

Un domaine ambitieux qu’il faudra assurément surveiller.

Hinterland

Lors de l’établissement de ce domaine en 2005, les propriétaires avaient une idée en tête: faire des vins qui étaient appropriés à ce que le terroir allait leur donner. C’est après trois ans qu’ils ont décidé de se consacrer uniquement à la production de vins mousseux. Ici, on utilise la méthode traditionnelle (comme en Champagne) ou Charmat (comme pour le prosecco) pour créer l’effervescence dans les vins.

Lors de mon passage, seulement trois produits étaient disponibles pour la dégustation, tous les autres étaient épuisés ou pas encore disponibles. On goûtera au Rosé méthode traditonnelle et n’hésitez pas à repartir avec une bouteille de cidre, craquant de fraîcheur, même si celui-ci n’est pas disponible pour la dégustation à cause de quantités trop limitées…

Hinterland mentionne être représenté au Québec par Société des Vins Fins. Au moment d’écrire cet article, le domaine n’était pas listé sur leur site. 

Closson Chase

Domaine réputé se spécialisant exclusivement dans la production de chardonnay et de pinot noir haut-de-gamme, Closson Chase fait aussi partie des pionniers. La première récolte date de 2004, aussi bien dire la préhistoire pour cette région! Depuis, Closson Chase s’est fait remarquer par la qualité constante de ses vins, qui sont malheureusement disponibles en trop faible quantité…

Vignes de Closson Chase
Vignes de Closson Chase

Du côté des blanc, on pourrait aisément se croire dans la Côte-de-Beaune à cause de la richesse qu’on ressent en bouche. Le pinot noir provenant des vignes du County montre un profil tout bourguignon avec un fruité bien présent et un bel équilibre. Je l’ai nettement préféré au KJ Watson Vineyard, issu du Niagara, qui se montrait généreux, au point où j’avais l’impression qu’il cherchait à impressionner un peu trop à mon goût.

Les vins de Closson Chase sont disponibles en IP chez Sélection Caviste.

Informations pratiques

Où dormir?

Si un des buts du voyage est de visiter des vignobles, choisissez de rester à Wellington. Petit village de 1700 âmes, on y retrouve plusieurs options (comme ici, sur Airbnb). Ceux qui veulent se gâter à l’hôtel choisiront de descendre au Drake Devonshire, nouvel hôtel-boutique sur le bord du lac. Il ne faut toutefois pas bouder son plaisir et profiter de ce superbe espace (et de sa vue sur le lac!) en allant au moins y prendre un verre.

La ville de Bloomfield est aussi un emplacement bien central qui permet de rayonner dans les vignobles aux alentours. Les B&B y sont nombreux et vous pourrez certainement trouver chaussure à votre pied.

Où manger?

C’est bien beau boire du bon vin, encore faut-il manger un peu…! Voici donc en vrac quelques adresses qu’on a pu expérimenter

  • Norman Hardie Winery: On y va pour les vins, mais aussi pour la pizza cuite sur le feu de bois du jeudi au dimanche.
  • Agrarian: Charmant petit bistro de Bloomfield avec un marché de produits frais et un petit bar au sous-sol. On y achète un panier de pic-nic pour aller manger au bord du lac!
  • East&Main: À Wellington, bistro sympathique offrant une jolie carte des vins de Prince Edward County et d’ailleurs. Pensez à réserver!
  • Drake Devonshire: On peut aussi aller manger au Drake et qu’on soit sur la terrasse ou dans la salle à manger, ça sera assurément très bon.

Tastecamp-ing in Virginia

Typical conversation, before leaving the office to take part in this year’s Tastecamp.

– So you’re flying to Washington tonight? Do you have any plans for visit around the capital?
– Nope! I’m going there for Tastecamp, a meeting of wine bloggers. We’ll tour the local wineries for the weekend and discover that kind of wine they make there!
– Errrr… People are making wine in Virginia?

Indeed, wine in Virginia. I’ve had the opportunity of discovering the region’s offering along with around forty bloggers from all over the US (with a nice delegation from Québec). The goal of this annual weekend is to meet as many winemakers as possible and taste as much wine as possible during the course of a busy (but oh so fun!) weekend.

One the wine-level, Virginia is a textbook definition of an unknown wine region, but with plenty of potential, at least seen from here in Québec. Unknown, as not many wines make their way north of the border on the shelves of the SAQ (there are only 2 at the time or writing…). Full of potential because the best wines tasted over the weekend were fabulous. But the region lacks some maturity and we felt that many winemakers were still trying to figure out what to do with the cards that were dealt to them.

The main grape varieties planted in Virginia are the red Bordeaux grapes (cabernet sauvignon, merlot, cabernet franc, petit verdot) and, on the white side, viognier. The tell-tale sign that the region is rather young is the numerous experiments that are taking place: malbec, petit manseng, nebbiolo, barbera, syrah… As with every experiment, it’s often hit or miss…

Some great wines

Let’s start by the easy part, the best wines and encounters of the weekend.

The weekend started really strong, with a visit at Boxwood, a winery belonging to the former owners of the Washington Redskins. As you might guess, the winery reflects the ambitions and the means put at the disposition of the winemaker. However, and more importantly, the winery’s lovely setup is not the only reason to visit Boxwood.

Le groupe de Tastecamp, écoutant les explications d'Adam McTaggart, winemaker chez Boxwood
Le groupe de Tastecamp, écoutant les explications d’Adam McTaggart, winemaker chez Boxwood

The wines here show a vision and all strive towards a common goal. The two main cuvées of the winery, Boxwood and Topiary, each aim to be classic high-level Bordeaux blend. With a consultant winemaker like Stéphane Derenoncourt and a touch of good will, results and good wine usually flow. For 25$ at the winery (39$ at the SAQ), it is a good buy (ok, more at the winery than at the SAQ. The rosé would bring summer to pretty much any location and the Trelli’s, a blend that changes from year to year is a bit less complex but very good nonetheless.

Kirsty Harmon, from Blenheim Vineyards
Kirsty Harmon, from Blenheim Vineyards

In 2010, summer was hot. Scorching hot. It made the grapes pushing their maturity levels to the maximum, pushing the sugars up (and thus the alcohol level) and lowering the acidity of the resulting wine, throwing everything a bit out of balance.

This is exactly the opposite of what we were served by Blenheim Vineyards‘ Kirsty Harmon. Her Carbernet Sauvignon 2010 was showing only 13.5% ABV and sells for a mere 20$. Part of this success can be explained that she “picks for acid rather than sugar content”, which allows to keep balance even in hot years. Her motto is “Always overdeliver” and it clearly shows in her bottles. Currently, Blenheim’s wines are not availble in Québec, but I’ll be on the lookout for the bottles of this smiling winemaker if they ever make it north of the border.

However, the highlight of the weekend was without any doubt the visit at Linden Vineyards on Sunday morning. Jim Law is a pioneer and he is the example that all winemakers in Virginia should look up to. The wines were precise, always in balance (even in hot years like 2010 or in really bad years like 2011) and show what the state can do at its best. From the start of the Handscrabble vineyard walk, it was clear that it was the tour of the weekend. It was so good that it deserve its own article…! The Handscrabble Red 2008 (a Bordeaux blend, mainly made from Cabernet Sauvignon) and the Handscrabble Chardonnay 2009 were particularly stellar and I already look forward to sharing it with people I like. No hesitation: these were clearly the best wines of the weekend.

Tastecampers at Linden Vineyards
Tastecampers at Linden Vineyards

Lots of potential, but not quite there

Virginia is looking at Viognier to build its future and making it its signature grape. Those who know me well will remember that I am not a fan of viognier, as I find that the wines are often caricatural and lacking acidity. The virginia version of this grape did not reconcile me that much with the grape, as many of the samples that we had suffered from that lack of acidity.

However, the best ones served over the weekend really good. When it ages, viognier takes a much more interesting flavour profile. It loses its over-the-top floral side and acquires some yeasty notes (not unlike some aged champagne) and much more restraint and balance. Barboursville Vineyards Viognier Reserve 2002 was the best example of this type of wine, along with the Château-Grillet that we got to taste at the BYOB supper (thanks to whoever brought this great bottle!).

Some viogniers that were tasted would have some potential, but were obscured by some winemaking choices. The prime example is this viognier that was Breaux Vineyards Viognier 2010 which was served as an appetizer at the suppoer organized by them. It would have been pretty good except the fact that it was obscured by so much new wood that you could not taste anything else. It is a prime example of what I did not like in many of the wines that we got: the ever-so-present new oak flavours which are sometimes seen as an ingredient in wine rather than an accent brought by how the wine is made. Unfortunately, when a wine spends more than 18 months all in new oak, we can forget most of the fruit’s complexity as it will be hidden behind a thick veil of vanilla and toast.

The last point that I hope will be improved is the rather aggressive use of herbicide under vine rows. In the picture below (click to enlarge), we can see all the damage that was done by Roundup since one of the rows was missed in the background. There are other ways to deal with vegetation competing with vines than flatly killing them like that as we saw at Linden (where they encouraged growth of chicken weed as it kept many other invasive species at bay) or at Tawse during last year’s Tastecamp, where they used clover for the same purpose. Regardless of what is said regarding this practice, I would rather not find that much herbicide in my glass…

Using Roundup. Draw your own conclusions (click to enlarge)
Using Roundup. Draw your own conclusions (click to enlarge)

In the end, I was thrilled (as always) to discover the potential of this region which is rather unknown outside of its borders. If all producers could look up to Linden Vineyards and use that as an inspiration to better understand their terroir and how to use intelligently the tools that is put at their disposal, Virginia would be able to fulfill this potential. Until then, the wine lover who wishes to discover Virginia will need to taste and taste and taste in order to find what suits him. If I go back to Virginia, I know exactly where I am heading first.

Pinot Noir Cloudline 2008

En août dernier, Frédéric Fortin sur le blogue de la SAQ, nommait le Pinot Noir Cloudline 2008 comme son coup de coeur du blogueur.

Le nez est d’une très belle complexité. Les arômes de cerises noires et de petits fruits rouges prédominent d’abord, pour ensuite laisser la place à des notes de muscade et de cannelle. Des effluves de cuir et une pointe vanillée se révèlent finalement et témoignent du passage en barrique.

Pinot Noir Cloudline 2008 - Au moins, l'étiquette est jolie.
Pinot Noir Cloudline 2008 – Au moins, l’étiquette est jolie.

Suite à cet article, Le Sommelier Fou encense aussi ce vin, en concluant sa note de dégustation par Ici, l’influence de l’homme sur le terroir est claire. Un bourguignon typique, fait en Oregon.

Avec ces commentaires aussi positifs venant de dégustateurs que j’aime bien, j’ai difficilement pu résister lors que je cherchais un pinot pour accompagner la bavette de boeuf à la cannelle tirée de Papilles.

Tout était alors en place pour une belle découverte, moi qui aime le pinot, qui a bien aimé l’Oregon lors de ma visite en octobre dernier et qui a un palais définitivement plus orienté vers l’Europe que le nouveau monde.

Toutefois, déception… Le nez est tout d’abord sur le fruit, mais celui-ci laisse sa place rapidement à des notes plus typiques de l’intervention humaine que la pureté que j’aime tant du pinot. J’y ai retrouvé des arômes de gomme balloune et de confiture de fraise un peu chimique et industrielle. En bouche, ça s’améliore un peu, puisque l’acidité est bien présente et les tanins sont aimables, même si la finale tombe un peu rapidement. J’ai une certaine difficulté à passer au-delà de ce nez chimique et un peu bonbon, gâchant un peu le plaisir de ce vin.

Si vous êtes à Québec et que vous voulez vous faire votre propre opinion, il en reste 86 à la SAQ sélection de Lévis et 33 à la SAQ de L’Ormière. Sinon, il en reste 25 réparties dans le reste de la province… Même s’il n’est qu’à 20$, je vais vous laisser certainement toutes les autres, ce pinot-là n’est pas du tout dans mes cordes.

Le paradis (américain) du pinot noir

Lorsqu’on pense à l’Oregon, les principales images qui viennent en tête sont celles de la côte Pacifique sauvage et des forêts de cèdres géants. Ce ne sont pas nécessairement des conditions que l’on associe spontanément à la viticulture de haut niveau. Toutefois, cette industrie se développe de manière importante depuis les 30 dernières années, avec un buzz particulier autour des vins produits à partir du pinot noir. De retour de quelques jours dans cet état où les visites de vignobles ont constitué un élément central, bref tour d’horizon.

Dans les vignes de pinot chez Lenné
Dans les vignes de pinot chez Lenné

Un bref historique

Les premiers producteurs à s’établir en Oregon sont arrivés dans la région de Dundee en 1965, maintenant l’épicentre de l’industrie viticole oregonaise. Des producteurs, principalement californiens, commencent à découvrir les collines au sud de Portland. La reconnaissance internationale se pointe le bout du nez au début des années 1980, avec des commentaires élogieux de Robert Parker et du Wine Spectator. L’industrie prend ensuite de l’ampleur: des premières AVA déclarées en 1984 (Willamette Valley et Umpqua Valley), on en compte maintenant 16, réparties un peu partout dans l’état.

L’Oregon est alors de plus en plus comparé à la Bourgogne, avec un climat frais, surtout lorsque comparé à la Californie voisine. Il n’y fait jamais vraiment chaud ni froid, La majorité des vignobles se situent dans la vallée de la rivière Willamette, qui occupe environ la moitié nord de l’État à un peu plus d’une heure de route de la côte. On y plante principalement du pinot noir (pour plus de la moitié de la production), du pinot gris (environ 15%) et du riesling. Suivent ensuite du chardonnay et un peu de cabernet sauvignon, surtout planté dans le sud de l’État.

Les collines au nord de McMinnville

Au nord de McMinnville, il faut se perdre dans les petites routes et découvrir les vignobles au détour d’une colline. Alors que la plupart des touristes se dirigent dans les collines de Dundee, la zone un peu plus à l’est près de Carlton permet de fuir un peu les foules et connaître des producteurs un peu plus petits.

Domaine Belle-Pente
Domaine Belle-Pente

Armés de la carte des vignobles de l’association des producteurs de la Willamette Valley, qui est d’ailleurs très bien faite, nous avons mis le cap vers Lenné Estate, une des belles surprises de la région.

Produisant du pinot à partir de vignes plantées à flanc de colline entre 300 et 600 mètres plantées depuis 2001, Lenné offre trois gammes de produits: le LeNez d’entrée de gamme, le Lenné Estate et des cuvées produites entièrement d’un même clone de pinot. Alors que le LeNez 2009 présentait un côté bonbon un peu dérangeant, le Lenné Estate 2008 offrait un profil plus sérieux tout en gardant résolument un pied au Nouveau Monde. Très réussi!

Chez Brick House, nous avons fait la connaissance d’un chardonnay résolument moderne, de deux pinots (Les Dijonnais et la Cuvée du Tonnelier) particulièrement bien faits. Ce que j’en retient tout de fois est le Gamay 2010 tout juste revenu de l’étiquetage. La jeunesse y était évidente, le fruit tout à l’avant plan et notes épicées classiques de ce cépage. Le millésime 2008 acheté au restaurant La Rambla le lendemain soit était définitivement plus mature et plus placé. De plus, c’était le vin le moins dispendieux de la gamme, qui pourrait s’en plaindre!

Dans les vignes chez Domaine Drouhin. Les rangs les plus serrés rencontrés de tout le voyage!
Dans les vignes chez Domaine Drouhin. Les rangs les plus serrés rencontrés de tout le voyage!

Nous avons mis un peu de temps pour trouver la minuscule salle de dégustation de Daedalus Cellars, cachée dans un building plutôt anonyme. En bon québécois, on pourrait qualifier cet arrêt de “guess heureux” du voyage. Sans avoir pu obtenir bien des détails sur les vins au-delà de ce qu’on trouve sur la fiche technique, les vins se sont démarqués du lot. J’ai particulièrement aimé le Pinot Noir Willamette Valley, qui possède la structure qui manquait dans beaucoup d’autres vins goûtés dans la région. Le tout pour un raisonnable 25$, une aubaine pour la région. Leur approche de vinification, proche du mouvement du vin naturel transparaît dans la qualité de ce qu’on retrouve dans la bouteille. Chapeau!

Finalement, c’est dans les Dundee Hills que nous avons rencontré les plus gros domaines, où l’expérience de dégustation était plus commerciale, voire industrielle. Au Domaine Drouhin, les vins étaient superbes mais la salle de dégustation était bondée; il est probablement judicieux de réserver une visite en prenant un rendez-vous à l’avance. Par contre, une fois qu’on a pu accrocher un employé pour une dégustation, tout s’est très bien passé. Le Domaine Serene fut la visite la plus chère que nous avons fait et rien ne nous a marqué… Chez DePonte Cellars, seul un Melon de Bourgogne servi en guise d’apéro nous a séduit. Comme quoi on peut trouver de tout, même dans les régions les plus réputées.

En descendant vers la Californie, la découverte vinicole était toujours au menu, entre autres avec des arrêts chez St-Innocent Winery et chez Abacela. Mais comme ça en fait beaucoup à raconter, on va garder ça pour la prochaine fois!