Les vins du Québec en mode 2.0

Il n’y a pas si longtemps, l’idée de servir un vin du Québec lors d’un souper aurait probablement semblé un peu étrange. Au restaurant, il semblait cantonné dans les restaurants touristiques qui se devaient d’avoir un ou deux au verre, puisqu’il le fallait… Or, cette perception est en train de changer, grâce au travail acharné des vignerons québécois et à des vins qui sont meilleurs que jamais. L’engouement pour des cuvées comme celles du Domaine du Nival ou de Pinard et Filles qui se vendent en quelques minutes aurait même été jugé impensable il y a que quelques années…!

Vignoble de Sainte-Pétronille
Vignoble de Sainte-Pétronille

S’il faut trouver quelque chose de positif aux changements climatiques, c’est que certains coins du Québec sont maintenant capables de mener des Vitis vinifera à maturité sur une base régulière. Les nouvelles plantations de pinot noir et de chardonnay se multiplient et certains vignobles pionniers comme Les Pervenches, avec leur parcelle de Chardonnay plantée en 1992, ont des vignes qui arrivent à maturité et leur qualité est meilleure que jamais.

En parallèle, les vignerons aussi comprennent mieux leur matière première et savent mieux garder les vignes en équilibre, produisant des vins de meilleure qualité. Des nouveaux cépages hybrides plus qualitatifs font leur apparition, aussi résistants au froid, mais aussi développés pour leurs qualité organoleptiques. Surveillez notamment les plantations de Marquette et Petite Pearl! L’exemple parfait de ces nouveaux cépages est le Vignoble de Sainte-Pétronille Réserve, car oui, on peut faire du bon vin rouge au Québec, si on ne cherche pas à faire un vin rouge qui se prend pour un autre.

Un projet de meilleure définition des régions vinicoles est aussi en marche, via le Conseil des vins du Québec. Alors que les divisions actuelles sont basées sur les régions administratives, un redécoupage en fonction de la réalité sur le terrain (climat, géologie, etc.) permettra à l’industrie de fermement prendre le virage d’une industrie touristique vers une industrie viticole en bonne et due forme. On a en a eu un aperçu lors du Salon Accords 2018: Vins et Fromages du Québec, et il semble porter la marque du sérieux et du professionalisme dont fait toujours preuve Nadia Fournier, qui a été mandatée pour piloter ce projet.

Et avec la modification à la loi qui permet la vente de vins québécois en épicerie, l’accès à ces vins est plus facile que jamais. Ceci dit, ce n’est pas dans les grandes chaînes que l’offre est la plus alléchante, mais dans des petites épiceries spécialisées qui choisissent de garder un stock plus limité, mais trié sur le volet. Je pense ici à William J. Walter à Québec et JA Moisan à Québec, et Boire Grand sur Fleury et le Comptoir Ste-Cécile à Montréal. Il n’y en a probablement d’autres que je ne connais pas, mais ces jeunes entreprises dynamiques ont compris l’engouement du public pour les vignerons québécois qui font bien les choses.

On est définitivement en train d’assister à une nouvelle vague dans l’industrie, une nouvelle génération qui arrive et qui construit sur le travail de débroussaillage fait depuis le début des années 1980. Le progrès effectué au cours des dernières années est impressionnant et la suite s’annonce tout aussi brillante.

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Julien Marchand

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